Pour son premier long métrage en solo — après avoir coréalisé Party Girl, Caméra d’Or à Cannes en 2013 —, Marie Amachoukeli signe ce magnifique portrait d’une relation entre une petite fille et sa nounou cap-verdienne. D’une justesse et d’une beauté à vous fendre le cœur…
À partir de ses souvenirs d’enfance, la réalisatrice dresse le portrait solaire d’une femme ordinaire, empêtrée dans les tracas du quotidien et les drames banals qui n’empêchent pas les cœurs brisés. Ce personnage, c’est Gloria, une nourrice qui a noué un lien très fort avec la petite Cléo, au point de la considérer comme sa propre fille. Cela tombe bien, depuis la mort de sa mère, la fillette a trouvé une maman de substitution en cette nounou, une épaule toujours là pour absorber ses mélancolies juvéniles. Alors, lorsque Gloria doit retourner au Cap Vert, la séparation est inconcevable et insupportable pour la gamine, au point de pousser son père à l’envoyer passer l’été là-bas.
Pudique et subtile, cette chronique estivale à hauteur d’enfant séduit par la douceur avec laquelle elle capte ces tourments enfantins. Entrecoupé de séquences d’animation, tantôt souvenirs, tantôt rêves, et même astuces de tournage, le récit touche grâce à une absence totale de superficialité, la caméra se concentrant sur la capture des émotions, les regards, les parties de foot sur la plage et les moments de vie. Si le film est aussi émouvant, c’est également grâce au talent et à l’alchimie entre les deux actrices principales. Lorsque Louise Mauroy-Panzani (qui interprète la petite Cléo) pleure, c’est toute notre âme qui est chavirée, car elle ne semble pas jouer ; ses émois, ses rires, son espièglerie sont alors captés sur le vif, offrant à l’ensemble une dimension bouleversante.