Après les sauterelles de La Nuée en 2020, les pluies mortelles. Just Philippot frappe fort avec un film catastrophe qui hante par son réalisme contemporain, dans lequel Guillaume Canet livre une étonnante performance toute en tension
Selma, 15 ans, grandit entre ses deux parents séparés, Michal et Élise. Des nuages de pluie acide et dévastatrice s’abattent sur la France. Dans un monde qui va bientôt sombrer, cette famille fracturée va devoir s’unir pour affronter cette catastrophe climatique et tenter d’y échapper…
Le réalisateur français renouvelle brillamment les codes du film catastrophe, très loin des attractions monumentales hollywoodiennes. Si la fin du monde, chez cet habile cinéaste, a gardé toute son ampleur spectaculaire, elle n’a plus rien d’un divertissement rassurant : nettoyée jusqu’à l’os, dépouillée de son habituelle fonction de défoulement à distance, c’est de l’écologie de combat. Just Philippot fait d’abord incuber le désastre climatique dans les tensions et les enjeux d’un réalisme très contemporain.
Dans la première scène du film, convulsion de violence quasi documentaire, la catastrophe est d’abord d'ordre économique. Des syndicalistes furieux séquestrent et malmènent les cadres de leur entreprise. Parmi ces insurgés, Michal est en première ligne. Il craque et finit par s'attaquer violemment à un policier. Désormais sous contrôle judiciaire, pris entre sa famille décomposée (son ex-femme, sa fille adolescente) et sa maîtresse gravement malade, il ne prête que très peu d’attention aux actualités alarmantes qui tournent en boucle à la télévision. Michal, c’est Guillaume Canet comme on l’a rarement vu : électrique, ramassé, tendu, intense, contraint de protéger les siens, dans une incroyable et haletante course-poursuite vers nulle part, contre une menace sans forme ni intention, sans aucune échappatoire, un monstre abstrait et impitoyable. L’humanité viscérale de son interprétation, très loin des effets de manche à l’américaine, prend toute sa force face aux excellentes Laetitia Dosch et Patience Munchenbach, ou encore aux poignantes rencontres de hasard.