Pas de séances programmées pour ce film dans nos salles pour l'instant.
Comédie noire et acide sur les dérives du narcissisme 2.0 dont l’esprit s’inscrit dans la droite lignée d’un Ruben Östlund (Triangle of Sadness), Sick of Myself conte l’histoire de Signe, une jeune femme prête à tout – y compris mettre sa santé en danger – pour connaître son quart d’heure de gloire !
Signe vit dans l’ombre de son petit ami Thomas, un artiste contemporain à qui tout réussit. Il fait la couverture de magazines branchés, est invité dans des dîners mondains. Envieuse de sa célébrité, Signe trouve un autre moyen d’attirer l’attention : faire croire qu’elle est atteinte d’une maladie rare en ingurgitant une pilule aux effets secondaires dévastateurs. Mais le mensonge fonctionne un peu trop bien, et elle est vite prise à son propre piège…
Pur objet d’humour noir, Sick of Myself pousse à son paroxysme les turpitudes contemporaines liées au désir, toujours plus grand à l’heure des réseaux sociaux, de validation. Signe est une anti-héroïne dont la laideur morale n’a d’égal que son jusqu’au-boutisme. Le plus drôle, c'est qu’elle assume parfaitement ce trip égocentrique accompagné d’une mythomanie tout à fait décomplexée. C’est peut-être parce que quelque chose en elle nous est malgré tout familier (mais aussi parce que l’actrice Kristine Kujath Thorp est incroyable) que nous apprécions cette jeune femme exécrable qui manque au final – on se le dit très vite – sérieusement d’amour propre. Une blessure narcissique qu’elle ne regarde pourtant jamais en face et ne résout qu’en prenant les mauvaises décisions. Très vite, elle portera sur le visage les stigmates de son mensonge, celui-ci empruntant une mutation terrifiante qu’elle continue pourtant à considérer gratifiante, aidée qu’elle est par un designer de pub qui l’engage comme mannequin pour une marque valorisant les physiques hors normes.
Le film se déroule à Oslo en été, dans la sphère d’une jeunesse cultivée et branchée. On retrouve d’ailleurs dans la mise en scène la même vitalité, la même lueur que dans le film de Joachim Trier, Julie en 12 chapitres (tous deux issus de la même maison de production). C’est ce petit entre-soi élitiste et, au-delà, notre société de consommation hyper-connectée incarnée par les influenceurs et influenceuses de tous types, qui sont bien sûr dans le viseur du jeune réalisateur Kristoffer Borgli, dont c’est le premier film. Un petit monde qu’il dézingue avec beaucoup de second degré et que vous adorerez détester !
ALICIA DEL PUPPO, les Grignoux
>> À partir de sa date de sortie (voir fiche technique ci-dessus), vous pouvez considérer que ce film sera visible au minimum durant 3 à 4 semaines dans les salles des Grignoux.
