Une plongée intense, musicale et sans fioritures dans les dernières années tumultueuses de Nico, la chanteuse énigmatique du Velvet Underground
Le miracle de cette proposition cinématographique, c’est d’aborder cette icône de la culture pop qui a véhiculé beaucoup de légendes, de fantasmes, avec une incroyable justesse qui fait la part belle à la bienveillance, à un regard lucide qui évite toute forme de surenchère dans la représentation d’une star sur la pente savonneuse de la déchéance.
Quand nous la rencontrons, Nico, accompagnée de son manager Alan Wise, tente de retrouver ses marques dans la ville de Manchester. Interviewée par un présentateur radio, elle tente, contre vents et marées, de faire oublier son passé qui la lie inexorablement à Andy Warhol, à sa présence au sein du groupe mythique The Velvet Underground, à sa vie de jeune mannequin qui s’est consumée au contact de rock stars de l’époque.
Dans la peau de la chanteuse, l’actrice danoise Trine Dyrholm. Elle se présente à la fois comme une femme usée par les excès en tout genre (et plus particulièrement l’héroïne) et une interprète bien déterminée à faire reconnaître le grain de sa voix, ses performances musicales uniques en leur genre.
Avec un mélange d’énergie du désespoir, de lucidité et d’autodérision, elle tente d’assumer une tournée européenne qui devrait la remettre sur les sentiers de la gloire. Mais rien n’est facile. Le show business n’a pas d’état d’âme pour les égarés et fonctionne avec l’air du temps. Tout cela n’empêchera pas Nico d’offrir le meilleur d’elle-même sur scène, de s’accommoder de musiciens un brin amortis et de contrats dans des lieux improbables.
Dans cette évocation sobre et particulièrement bien troussée, on ne peut que louer l’interprétation de l’actrice Trine Dyrholm. Avec une étonnante économie de moyens, elle est « Nico, 1988 », cette femme enragée et blessée mais toujours investie dans un geste musicale inégalable. Une plongée non pas nostalgique mais vivifiante dans une culture rock rebelle aux résonnances franchement contemporaines.
© DANY HABRAN, LES GRIGNOUX