Évoquant le cinéma de Kore-eda, Love Life raconte le quotidien pour en extraire sobrement ce qui se cache derrière la banalité de nos gestes et des lieux que nous habitons. Il révèle cette beauté mais aussi cette gravité qui nous entourent et qu’incarne le mouvement de la vie, dans toute sa complexité
Taeko vit avec son époux Jiro et son fils Keita en face de chez ses beaux-parents. Tandis qu'elle découvre l’existence d'une ancienne fiancée de son mari, le père biologique de Keita refait surface. C'est le début d'un cruel jeu de chaises musicales, dont personne ne sortira indemne…
L’attention que porte le réalisateur sur les événements et leurs conséquences sur les êtres est pleine de délicatesse et de chaleur. Il réussit à construire une forme de dramaturgie à partir de peu. D’ailleurs, l’événement qui deviendra l’élément déclencheur du récit, son accélérateur de sens, sera traité avec beaucoup de retenue, sans chercher l’émotion facile, le contraire aurait été déplacé.
Le réalisateur révèle ce que masque les apparences d’une vie tranquille, rangée, celle d’une famille de la classe moyenne japonaise, installée dans un appartement soigneusement décoré (lieu central du film). Pourtant, on comprendra très vite que tout tient finalement à peu de choses, que la survie d’un couple peut reposer sur une main posée délicatement sur l’épaule de l’autre, sur un petit baiser entre deux portes, loin du regard de l’enfant qui joue dans la pièce d’à côté.
Le film trouve un juste équilibre entre la légèreté d’une vie dont de petits instants inattendus en colorent l’atmosphère et cette foutue gravité qui change le regard que l’on pose sur les choses, jusqu’à remettre en question les fondements d’une vie de couple sans accroc.
Le réalisateur travaille à partir de plans fixes, souvent longs pour que tout s’installe et que la personnalité des décors, leur climat puissent aussi nous dire quelque chose, et fait lentement bouger sa caméra pour aller chercher un détail, si c’est nécessaire. Rien n’est forcé. Les comédiennes et comédiens incarnent des personnages qui, jamais, ne sur-jouent une émotion.
Tout se passe dans la finesse et la pudeur, que ce soit l’évocation de la culpabilité qui ronge, la pression de la société qui s’immisce jusque dans une conversation de salon (l’enfant est issu d’une liaison d’avant-mariage) ou le passé sentimental de chaque membre du couple ravivé par le destin.
Ce cinéma de l’observation dépeint le visage de l’existence avec la certitude qu'il s’y cache une multitude de faits connectés les uns aux autres, sans que l’on ne se rende nécessairement compte à quel point il y a matière à faire récit et à émouvoir.
L’histoire de Love Life est finement développée, l’événement central relance l’existence des êtres dans une direction inattendue, montre la force d’un couple à faire face à ce qui pourrait le déstabiliser, voire le détruire pour de bon.
Sur ces épreuves qui font partie de l’expérience de la vie, ce film romantique et digne dresse le portrait d’êtres fondamentalement bons et tendres qui, malgré tout, malgré la douleur et le trouble, savent que l’on reste toujours en vie dans les pensées des autres, et pour le plus beau.
Love Life. En effet, tout est dans le titre.
NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux
>> À partir de sa date de sortie (voir fiche technique ci-dessus), vous pouvez considérer que ce film sera visible au minimum durant 3 à 4 semaines dans les salles des Grignoux.