Ce film culte initiateur du Nouvel Hollywood, emblématique de la contre-culture des années 1960 et modèle du road movie, n’a pas pris une ride dans le portrait sans concession qu’il brosse de l’Amérique et de ses fractures
Billy et Captain America disposent d'une grosse somme d'argent, résultat d'une importante vente de stupéfiants. Cette petite fortune permet aux deux motards d'envisager sereinement une traversée des États-Unis. Aussi prennent-ils la route de La Nouvelle-Orléans, dans l'intention de participer au carnaval…
Easy Rider demeure un jalon important du cinéma qu’il serait réducteur d’associer à quelques signes devenus mythiques même folkloriques, comme le chopper Harley Davidson de Wyatt, la veste à franges de Billy, ou la bande-son qui réunit le meilleur du rock, du blues et de la country. À la jonction de plusieurs influences, notamment celles du néo-réalisme italien et de la Nouvelle Vague française, qu’on perçoit à travers des ruptures de ton parfois brutales, le film de Dennis Hopper ne constitue pas qu’un hymne à la liberté de deux bikers. Il est aussi une métaphore de ce que peut être une vie, dans son déroulé sinueux, tendue vers une quête dont le mysticisme s’incarne à travers de multiples références à la religion. Qu’il s’agisse de la famille chrétienne rencontrée au hasard d’un arrêt ou du phalanstère hippie dans lequel les deux personnages séjournent, la foi est partout, qui esquisse le modèle d’une existence à rebours d’une configuration citadine. Les deux marginaux y subissent les foudres d’une Amérique uniformément blanche, intolérante, celle des rednecks agressifs qui, cinquante ans avant de voter Trump, s’en prenaient déjà à ceux qui ne rentraient pas dans la norme.
Nos salles principales sont désormais équipées d’un projecteur laser et d’un système son 7.1. Ce film y est donc proposé dans cette qualité.