Un premier film réussi pour Guillaume Bureau qui, bien que s’inspirant de deux faits divers réels au lendemain de la Grande Guerre, nous livre un récit à la beauté intemporelle mis en scène avec une grande élégance
Julien Delaunay (Karim Leklou) a disparu sur un champ de bataille de la Grande Guerre. Sa femme, Julie (Leïla Bekhti), ne croit pas qu’il soit mort. Et quand la presse publie le portrait d’un homme amnésique, elle est certaine de reconnaitre Julien. Ils se retrouvent et réapprennent à s’aimer. Mais une autre femme (Louise Bourgoin) revendique cet homme comme étant son mari…
Guillaume Bureau a fait son premier film avec un budget serré et s’est ainsi focalisé sur un nombre restreint de décors, mais tous ont été merveilleusement soignés avec un éclairage très souvent intimiste : parmi ses intentions, il voulait certes ancrer son film dans le début des années 1920, comme la fidélité et la beauté des costumes le confirment, mais également lui conférer une existence propre. Cette fiction, pourtant basée sur des faits réels, échappe ainsi à une temporalité figée. Elle est à même d’être comprise par toutes les générations. Elle nous touche au plus profond et ne fait pas uniquement que nous effleurer.
Comment ne pas s’attendrir pour le personnage amnésique, campé par Karim Leklou, au regard souvent immense et vide, tiraillé entre le fait d’être Julien et celui d’être Victor, convoité par deux femmes de milieux différents qui reconnaissent en lui leur mari ? Si Leïla Bekhti incarne une photographe issue de la bourgeoisie de province, Louise Bourgoin est Frimousse, son nom de scène lorsqu’elle se produit dans un cabaret parisien. Bien qu’émancipées même sur le plan financier, ces deux femmes peinent à faire leur travail de deuil. Ce soldat à la mémoire effacée est invité par chacune d’entre elles à se l’approprier de nouveau via des souvenirs : souvenirs réels ou souvenirs factices, qui sait ? Une chose est sûre, l’une des deux femmes ment, même avec sincérité.
>> À partir de sa date de sortie (voir fiche technique ci-dessus), vous pouvez considérer que ce film sera visible au minimum durant 3 à 4 semaines dans les salles des Grignoux.