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Bande-annonce
affiche du film War Pony

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War Pony

  • Réalisé par
    Gina Gammell & Riley Keough
  • Interprété par
    Ashley Shelton, Iona Red Bear, Woodrow Lone Elk
  • Distributeur
    Cherry Pickers
  • Langue
    anglais
  • Pays d'origine
    Etats-Unis
  • Année
    2022
  • Durée
    01 h 55
  • Version
    Version originale sous-titrée en français
  • Date de sortie
    2023-05-10
  • Récompenses

    Caméra d’Or à Cannes

Chronique sociale et naturaliste récompensée de la Caméra d’Or à Cannes, War Pony aborde la jeunesse marginalisée aux prises avec la drogue, dans une ambiance rurale et désertique digne de celle d’un western

Deux jeunes hommes de la tribu Oglala Lakota vivent dans la réserve amérindienne de Pine Ridge. À 23 ans, Bill cherche à joindre les deux bouts. Que ce soit en faisant des livraisons ou en élevant des caniches, il est déterminé à se frayer un chemin pour atteindre le “rêve américain”. Matho, 12 ans, est quant à lui impatient de devenir un homme. Cherchant désespérément à obtenir l’assentiment de son jeune père, Matho prend une série de décisions impulsives qui bouleversent sa vie et ne lui permettent pas de faire face aux dures réalités du monde. Liés par leur quête d’appartenance à une société qui leur est hostile, Bill et Matho tentent de tracer leur propre voie vers l’âge adulte…

Ce premier film à l’intrigue volontairement ténue prend la défense de la jeunesse abandonnée. Il filme celle que l’Amérique ne regarde pas droit dans les yeux, ces enfants oubliés vivotant avec trois fois rien, ici dans ce Dakota du Sud qui ne semble pas inspirer les concepteurs de cartes postales pour touristes. Dans ce décor âpre, fantomatique. Les deux réalisatrices mélangent l’esthétique documentaire, en enregistrant sans fioriture de longues scènes de groupe où le jeu spontané et décontracté des enfants est très communicatif, avec une narration plus classique qui restitue la trajectoire de deux personnages. Tous les deux ont des désirs, l’un de devenir adulte plus vite que prévu, de vivre des expériences intenses et dangereuses avec la drogue, l’autre de faire encore fortune et donc s’en sortir.

War Pony fait penser au cinéma de Chloé Zaho (The Rider, Nomadland) dans sa façon très humaine de filmer la marginalité, de travailler avec des comédiens débutants, de donner de la majesté aux espaces naturels environnants, presque une grandeur mystique. Le film évoque aussi un certain cinéma indépendant américain des années 1990 (Van Sant, Clarck…) qui, avec poésie et une sensibilité empreinte de mélancolie, racontait le désœuvrement et la solitude adolescente. À travers ces portraits de jeunes marginaux abandonnés, War Pony questionne les différences de classes sociales et la violence des rapports qui s’en suivent. À ce titre, il faut voir les séquences où Bill côtoie ce couple de riches dans leur maison high-tech, perchée sur les hauteurs de la région comme pour mieux la dominer. Les cinéastes y montrent combien la réconciliation entre ces deux mondes semble impossible. Au milieu de ce décor aride de western surgi d’un autre temps se joue pourtant quelque chose de très contemporain que les deux cinéastes nous révèlent avec un mélange déstabilisant de gravité et de beauté. Faisant tant preuve d’humanité que de lucidité, elles se positionnent du côté d’une jeunesse solidaire et courageuse qui n’en a cure de cet idéal américain de façade auquel elle n’aura de toute façon jamais accès.

NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux

Fiche PDF du film