Prix du meilleur long métrage documentaire IDFA 2020
En soutien à la contestation iranienne, au mouvement “Femme, Vie, Liberté“ et aux réalisateurs iraniens incarcérés, nous voulons partager ce très beau film documentaire, prix du meilleur long métrage documentaire IDFA 2020, Radiograph of a Family de Firouzeh Khosrovani
Le 13 septembre 2022, Mahsa Jina Amini, jeune femme kurde de 22 ans, est brutalisée par la police des mœurs iraniennes au motif du port inapproprié de son voile. Elle meurt trois jours plus tard à l’hôpital. La contestation du régime islamique se répand dans les grandes villes, mais aussi dans les campagnes en Iran. C’est sur des braises jamais éteintes des révoltes passées que les Iraniennes et Iraniens se rassemblent dans les rues et sur les toits des immeubles. Pour braver le pouvoir en place, ils risquent leur vie dans des manifestations en scandant le slogan : « Femme, Vie, Liberté ». Les femmes brûlent leur voile en public, dansent et chantent (ce qui est interdit en Iran). La répression des manifestations donne lieu à près de 500 morts en cinq mois de contestation et une dizaine de condamnations à mort. Quatre condamnations ont été suivies d’exécutions. Des « groupes de vigilants » islamistes font régner la terreur en attaquant au gaz des établissements scolaires des collégiennes, des lycéennes et des étudiantes dans tout le pays. Et pourtant la flamme de la révolte continue de brûler avec la contestation qui s’oriente vers d’autres formes d’actions, notamment plus individuelles.
Dans son film documentaire, la cinéaste iranienne porte son regard sur la place des femmes dans la société iranienne à travers le prisme de sa propre histoire familiale. Le père de Firouzeh a étudié la radiologie en Suisse, il porte des valeurs laïques et modernes. Sa mère fera allégeance aux valeurs politiques et religieuses sur lesquelles s’appuiera la révolution islamique de 1979. En examinant l’antagonisme grandissant entre son père et sa mère, Firouzeh Khosrovani métamorphose sa caméra de cinéma en appareil de radiographie. Ce faisant, il est moins question pour la cinéaste de dresser une image de sa propre histoire familiale que de déceler à travers cette image une fracture plus profonde : celle entre la modernité et la tradition qui traverse toute la société iranienne, et qui se concentre sur la question de la place de la femme et son émancipation.