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Après Swagger et Poissonsexe, Olivier Babinet se tourne vers le coming of age movie et la notion de jeune aidant en contant l’histoire de Lucie, 14 ans, vivant au chevet de son père malade et cherchant une échappatoire à travers le monde fantastique de son imagination. Une petite pépite !
Lucie a 14 ans et une imagination débordante. Elle vit seule avec son père qui passe ses journées à traîner à la maison en robe de chambre. Sous ses abords d’adolescent attardé, William lutte au quotidien contre les symptômes de la sclérose en plaques. Entre les soins qu’elle lui apporte, le travail scolaire et son boulot à la sandwicherie, Lucie ne trouve d’échappatoire que dans l’écriture d’un roman autobiographique déglingué.
En trois longs métrages, Olivier Babinet a construit un univers esthétiquement hybride où le réalisme rencontre souvent l’onirisme, où l’imaginaire s’incruste dans le réel pour le rendre un peu plus doux à vivre. Cette formule opère également dans Normale, inscrite à l’intérieur même du scénario.
Lucie est ce qu’on appelle une jeune aidante, enfant amenée trop tôt à endosser le rôle de l’adulte, à soutenir son parent quand celui-ci est défaillant. Ici, William (superbe Benoît Poelvoorde), ancien motard, fumeur de joints et fan de films d’horreur qui perd progressivement son autonomie à cause de la maladie. Même si ce n’est pas tous les jours facile, Lucie ne veut pour rien au monde quitter ce foyer destroy qu’elle chérit malgré tout, quitte à mentir à ses professeurs et entraîner son père dans une fiction qu’elle invente au fur et à mesure que ses symptômes à lui évoluent…
La réussite du film tient tout entière dans l’équilibre que celui-ci observe entre une dimension sociale forte et ce côté onirique. Babinet crée crée un univers esthétique pop, lumineux, inspiré des films indés américains où il oppose à la grisaille des bâtiments les paillettes d’un déguisement, le scintillement d’un éclairage. L’identité visuelle de Normale s’insinue dans tous ses détails, des accessoires aux décors, de l’aménagement vieillot-vintage de William et Lucie à l’imaginaire sanguinolent qu’ils affectionnent tous les deux. Surtout, le film dépeint une relation père-fille des plus touchantes, dont la fantaisie ne pourra cacher indéfiniment le drame, et qui pourrait aussi nous arracher quelques larmes.
ALICIA DEL PUPPO, les Grignoux
