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affiche du film Godland

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Godland

  • Titre original
    Vanskabte Land - Volaða Land
  • Réalisé par
    Hlynur Pálmason
  • Interprété par
    Elliott Crosset Hove
  • Distributeur
    Imagine
  • Langue
    Islandais
  • Pays d'origine
    DK, SE, FR, IS
  • Année
    2023
  • Durée
    02 h 23
  • Version
    Version originale sous-titrée en français
  • Date de sortie
    2023-03-22

Découvrir Godland, c’est l’assurance de vivre une expérience peu commune qui ne nous prend pas par la main, pour ne pas parasiter nos rêveries. Un film exigeant, d’une beauté sidérante, dont la capacité à transcender la nature le situe aux confins du fantastique, pas très loin d’un Bergman et du cinéma muet. Un voyage spirituel en terres islandaises, il y a plus de cent ans

À la fin du XIXe siècle, un jeune prêtre danois arrive en Islande avec pour mission de construire une église et photographier la population. Mais plus il s’enfonce dans le paysage impitoyable, plus il est livré aux affres de la tentation et du péché… La vision de ce film, que l’on imagine vite avoir été conçu hors des modes et que l’on devine destiné à traverser le temps sans vieillir, est une aubaine pour qui aime se ressourcer le regard et la pensée au contact d’œuvres rigoureuses. Dans la salle, notre imaginaire se développe toujours plus librement en étant emporté par la beauté d’un cinéma revenu à sa pure puissance primale, épuré et brut.

Esthétiquement brillant, Godland est conçu dans ce mélange de sons et d’images nettoyés de tout artifice, dans un format carré comme à l’époque du muet où le temps se dilate, où les repères se défont. Le film hypnotise et nous invite à être au plus proche d’une âme humaine en connexion avec les mystères d’une nature attirante dans son mélange de beauté et de violence. Le chemin, à haute valeur spirituelle, emprunté par ce jeune prêtre fait d’abord office d’épreuve physique avec ses pièges créés par la nature. À ce titre, le film fascine par son approche topographique des paysages dont les contours et les reliefs sont filmés avec méticulosité. Le prêtre traverse des décors arides sous un ciel peu clément, avec la mort en toile de fond. Il résiste, se fige et capte des instants par la photographie pour finalement atteindre ce village éloigné de tout, là où sa mission l’attend.

Ce protagoniste est une sorte de victime des stratégies coloniales (le Danemark qui colonise l’Islande et y impose sa vision dans les coins les plus reculés de la région), un jouet manipulé par les puissants à qui l’on impose de réaliser une mission à laquelle il ne croit pas fondamentalement. L’ironie de l’histoire est que cette épreuve lui tend un piège qui n’était pas prévu au programme des autorités : celui de la tentation et de ce désir d’amour, physique, capable de déstabiliser cet être rigide et qui renforce l’empathie que l’on éprouvait jusqu’ici pour lui. C’est la dimension tourmentée et tragique de ce voyage sensoriel d’une puissance inouïe.

Godland nous propulse dans une autre galaxie, celle des films à dimension métaphysique qui défient l’académisme (surtout d’un point de vue narratif et psychologique), non par snobisme mais par nécessité. Clairement, on sent qu’il était vital pour le cinéaste de raconter son histoire dans un tel dispositif formel, radical mais accueillant, tant la trajectoire éreintante de ce jeune prêtre sortait de l’ordinaire.

NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux

Fiche PDF du film