Dans le registre de la comédie vaudevillesque grand public à l’ancienne (par ici, Louis de Funès), le film interroge l’identité de genre et doit beaucoup à son duo formé par Catherine Frot et Fabrice Luchini. Ce n’est pas un film militant, plutôt une histoire d’amour grand public, porteuse d’un message de tolérance, et ce n’est déjà pas mal du tout
Alors que Jean, maire très conservateur d'une petite ville du Nord, est en campagne pour sa réélection, Edith, sa femme depuis quarante ans, lui annonce une nouvelle qu’elle ne peut plus taire… Au plus profond de son être, elle est – et a toujours été – un homme. Jean pense d’abord à une plaisanterie mais réalise rapidement qu’Edith est sérieuse et déterminée à mener sa transition jusqu’au bout. Il comprend alors que son couple, mais aussi sa campagne électorale, risquent d’être sacrément chamboulés…
Sur un sujet de société délicat, la trans-identité, que l’on imagine plutôt abordé dans le documentaire ou dans la fiction réaliste et sérieuse, Tristan Séguéla tente une approche assez culottée qui pouvait franchement faire peur sur papier. Un homme heureux s’assume comme une comédie populaire qui joue à fond la carte de la caricature. Le résultat s’avère convaincant dans le genre qui est le sien, sans pour autant le révolutionner. De facture classique, le film a le mérite d’attirer l’attention sur un thème important et, destiné à toucher le plus grand nombre, veille à rester suffisamment consensuel et sentimental sur la durée. On est dans une sorte de théâtre de boulevard qui aurait flirté avec l’esprit d’une bande dessinée, aux dialogues efficaces et avec des actrices et acteurs dont le talent est d’avoir réussi à être crédibles dans la caricature tout en suscitant de l’empathie, ce qui n’est pas donné à tout le monde.
Dans l’esprit de ces comédies d’antan portées par Louis de Funès qui avait le génie pour y incarner le bourgeois français moyen et s’en moquer généreusement, Un homme heureux s’amuse à égratigner la politique politicienne de village, les propos réactionnaires tanguant fortement vers la droite de la droite et les petites manières sournoises et sirupeuses qui pullulent dans le quotidien.
LES GRIGNOUX