De prime abord, il s’agit d’un pur divertissement hollywoodien avec ce qu’il faut de burlesque, de glamour et d’humour satirique. Mais Howard Hawks (Scarface, Rio Bravo), qu’on ne pourrait accuser (bien qu’il s’y refusa) de ne pas être un « auteur », n’a que faire d’une comédie ordinaire ! Avec ce rôle, aujourd’hui son plus célèbre, Marylin devient une actrice, une vraie
Une blonde explosive, croqueuse de diamants et une brune foudroyante éblouie par les muscles des beaux messieurs embarquent pour la France. Sur le paquebot se trouvent le richissime Piggie et les athlètes américains de l'équipe olympique…
Cette satire des rapports hommes/femmes, où les dernières dominent clairement les premiers en tirant parti de leur désir incontrôlable, est agrémentée d’une sensualité exacerbée, où l’érotisme est tant sous-entendu qu’il éclate à chaque scène. Hawks s’attarde sur le corps généreux de ses deux actrices, leurs jambes interminables ou sur leur tour de poitrine souligné par des robes plus moulantes les unes que les autres (et dont les couleurs vives tranchent sur les costumes noirs des hommes, mais accentuent aussi l’absence d’autres femmes). Des deux actrices, c’est évidemment Marilyn qui tire le mieux la couverture à elle. Jane Russell était pourtant la star du film (ce qui fit dire à Marilyn : « Mais c’est moi la blonde ») ; mais Marilyn fit tant gagner son personnage en envergure, crevant l’écran de sa voix suave (l’actrice étant aussi, on l’oublie souvent, une incroyable chanteuse) et de sa démarche balancée reconnaissable entre toutes, qu’elle parvient à faire oublier la présence de sa co-star, et à ne pas faire mentir le titre du film.
Lorsqu’elle étouffe un « Daddy » (« Papa ») à l’adresse de son amoureux, ce n’est plus Lorelei qui parle, mais Marilyn, qui devait se souvenir de ses débuts au cinéma (lorsqu’elle chanta « Everybody needs a Da-da-daddy »), mais aussi de sa propre vie amoureuse. Elle donne alors à son personnage sa sincérité et sa délicatesse d’actrice, consciente que si tout le monde voyait déjà en elle le symbole même de la blonde stupide, il lui revenait de s’en moquer et d’en jouer. La légende voudrait que ce fut l’actrice elle-même qui souffla aux scénaristes une des plus belles répliques du film (« Je peux être intelligente quand il faut, mais la plupart des hommes n’aiment pas ça ») : sans doute la légende a-t-elle bien une part de vérité.
D’après OPHÉLIE WIEL, critikat.com