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Mathieu Vadepied rend hommage aux oubliés de l’Histoire, ceux qui sont morts sans tambour ni trompette, pour une terre qui n'était pas la leur. Omar Sy et Alassane Diong offrent un duo père-fils attachant dans la boue de l’un des conflits les plus sanglants de notre Histoire
En 1917, Bakary Diallo (Omar Sy) s'enrôle dans l'armée française pour rejoindre Thierno (Alassane Diong), son fils de 17 ans, qui a été recruté de force. Envoyés sur le front, père et fils vont devoir affronter la guerre ensemble. Thierno est galvanisé par la fougue de son officier qui veut le conduire au cœur de la bataille, tandis que son père va tout faire pour l'arracher aux combats et le ramener sain et sauf.
Ce n’est pas tant l’horreur des tranchées et l’absurdité d’une boucherie sans nom qui sont dénoncées dans Tirailleurs. Il s’agit davantage d’un vibrant hommage aux oubliés des livres d’histoire : ceux qui furent enrôlés de force dans les colonies pour alimenter la bête immonde, et puis qui furent omis dans les hommages et les récits historiques.
Au-delà du film de guerre, Tirailleurs nous fait aussi voir les liens complexes qui existent entre père et fils à la sortie de l’adolescence. Le jeune homme est en effet déchiré entre des figures paternelles qui s’emboitent comme des poupées russes : celle de son père biologique, pour qui seule la survie compte, et celle de son lieutenant exalté, qui représente l’émancipation. Un lieutenant lui-même prisonnier de la figure militaire de son propre père, général de la patrie aux abois. Avant de devenir réalisateur, Mathieu Vadepied était déjà chef opérateur, et le film bénéficie à ce titre d’une photographie travaillée qui participe à l'immersion dans l’intimité de ce père et de ce fils plongés dans le décor sanglant de la Grande Guerre.
GUILLAUME KERCKHOFS, Les Grignoux
