Le nouveau film de Marie-Castille Mention-Schaar (Les Héritiers, Le Ciel attendra) suit les sœurs Ziouani, jeunes musiciennes dont l’ambition est de devenir professionnelles. La réalisatrice dépeint le monde exigeant de la musique symphonique classique ainsi que le chemin compliqué que les femmes doivent parcourir quand elles souhaitent intégrer un univers encore trop souvent réservé aux hommes
Zahia (Oulaya Amamra) et Fettouma Ziouani (Lina El Arabi) ont 17 ans. Bercées depuis leur plus tendre enfance par la musique symphonique classique grâce à des parents mélomanes et férus d’art, elles ont fait toutes les classes de solfège et passé de multiples concours. Aujourd'hui en terminale, elles intègrent le prestigieux Lycée Racine, établissement scolaire du 8e arrondissement qui offre la possibilité aux élèves de poursuivre l’étude de la musique en même temps qu’un cursus scolaire traditionnel. Douées, passionnées et ambitieuses, les jumelles travaillent d’arrache-pied pour atteindre leurs objectifs : Zahia joue de l’alto, mais veut surtout devenir cheffe d’orchestre. Fettouma vise une carrière de violoncelliste. D’origine algérienne, élevées en banlieue parisienne, les deux sœurs doivent affronter le racisme ordinaire, les préjugés et les aprioris : de leurs jeunes condisciples, du corps professoral, mais aussi des directeurs d’académie qui semblent leur reprocher d’être trop douées et pas assez bien nées pour entrer dans le monde ultra élitiste de la musique classique.
Le film s’attarde un peu plus sur le parcours de Zahia, exceptionnel quand on sait que dans le monde, seuls 4% des chefs d’orchestre sont des femmes. « Quand on vient d'où je viens, on est plutôt orientée d'office vers une carrière de coiffeuse. Vouloir diriger un orchestre, c'était aussi fou qu'ambitionner d'être cosmonaute ou présidente de la République », dira Zahia Ziouni dans un livre qui narre son parcours. C’est un peu tout ça que Divertimento met en images : comment, à 17 ans, à force de talent, d’audace et de charisme, la jeune femme parvient à franchir toutes les marches qui vont l’amener à la carrière de maestro. Une étape importante sera sa rencontre avec le très controversé Sergiu Celibidache (interprété dans le film par Niels Arestrup) dont elle suivra la classe de direction d’orchestre, avant de créer son propre ensemble, l’orchestre Divertimento, véritable vecteur de la musique comme instrument du vivre ensemble.
Le film raconte l’histoire d’un parcours difficile mais qui aboutit à force de travail, d’optimisme, et de culot. Zahia et Fettouma ne sont pas épargnées, mais leur talent, leur force de caractère et surtout l’amour de leurs proches leur permettent de se relever quand elles chutent, de passer outre les humiliations et d’avancer dans la vie qu’elles ont choisie. Divertimento est un film qui donne la pêche parce qu’il est plein d’optimisme. Il donne envie d’en connaître plus sur les grands compositeurs, de découvrir l’univers de la musique classique (la B.O. reprend quelques morceaux célèbres). Surtout, il crée de l’espoir et nous fait fantasmer sur un monde un brin plus égalitaire.
LAURENCE HOTTART, les Grignoux
