Medias
Journal & grilles Appli mobile Newsletters Galeries photos
Medias
Journal des Grignoux en PDF + archives Chargez notre appli mobile S’inscrire à nos newsletters Nos galeries photos
Lancer la bande-annonce
Bande-annonce
affiche du film Saint Omer

Prochaines séances

Pas de séances programmées pour ce film dans nos salles pour l'instant.

Saint Omer

  • Réalisé par
    Alice Diop
  • Interprété par
    Kayije Kagame, Guslagie Malanda, Valérie Dréville
  • Distributeur
    Cherry Pickers
  • Langue
    français
  • Pays d'origine
    France
  • Année
    2022
  • Durée
    2 h 02
  • Version
    Version française
  • Type
    Drame
  • Date de sortie
    2022-11-30
  • Récompenses

    Lion d'Argent - Meilleur premier film à la Mostra de Venise 2022

Lion d’Argent à la dernière Mostra de Venise et représentant de la France aux prochains Oscars, Saint Omer, premier long métrage de fiction d’Alice Diop, est un objet de cinéma rare et complexe. Un film de procès qui, à partir d’un fait divers et des multiples récits qu’il suscite, questionne notre regard et met à l’épreuve notre pensée à travers un geste cinématographique soutenu et magnifique

Rama, jeune romancière, assiste au procès de Laurence Coly à la cour d’assises de Saint-Omer. Cette dernière est accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant à la marée montante sur une plage du Nord de la France. Mais au cours du procès, la parole de l’accusée et l’écoute des témoignages font vaciller les certitudes de Rama et interrogent notre jugement.

Lors de l'une des premières scènes du film, Rama, face à un auditoire d’étudiants, cite Marguerite Duras pour évoquer la puissance de la littérature et de la narration pour sublimer le réel, pour lui rendre l’épaisseur, la complexité qu’un regard furtif lui soustrairait. C’est au même programme que nous invite Saint Omer, film qui se déploie dans le discours, à travers la parole qui se distribue à l’intérieur d’un tribunal, et dont le sens surgit par paliers progressifs. C’est un film qui attend du spectateur une écoute attentive, une disponibilité intellectuelle de tous les instants. Alice Diop ne prend pas le public par la main mais l’emmène au contraire dans un mouvement qui stimule sans cesse sa pensée. Car, dans la marche de ce procès d’une jeune femme sénégalaise jugée dans une ville de province du Nord de la France, ne se joue pas seulement la violence d’un infanticide, mais aussi celle, plus insidieuse, des préjugés racistes et misogynes qui traversent encore nos sociétés occidentales.

Hors des contours où l’on voudrait l’enfermer en tant que femme noire accusée d’un acte criminel, Laurence Coly est une universitaire, en pleine maîtrise du langage académique, dont l’éloquence et le récit qu’elle fait de sa situation bousculent l’horizon des représentations que l’on projette sur elle et, de ce fait, en racontent davantage sur les idées reçues qui déterminent notre regard.

La caméra balaie l’espace de la cour d’assise, son agencement, l’articulation symbolique des instances qui la composent, en s’attardant sur les visages, l’expression des regards ou la posture qui accompagne le discours des différents protagonistes, rendant ainsi progressivement visible une vérité qui, jusque-là, restait contenue et dont il appartiendra à chacun d’assembler les rouages. Il se joue à cet endroit-là la beauté infinie de la complexité humaine à laquelle — dans une élégante métaphore — Saint Omer rend justice. La complexité entre autres d’être une femme noire en France aujourd’hui, de construire son identité entre deux territoires, d’avoir reçu en héritage la douleur de l’exil, de naviguer dans un monde qui, sans même le concevoir, nous réduit à ses attentes et empêche ainsi d’accéder à cette vérité plurielle, ontologique, qui compose chaque individu et à laquelle, toutes et tous nous devrions pouvoir prétendre.

ALICIA DEL PUPPO, les Grignoux

Fiche PDF du film