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Après le carton plein de Ni juge, ni soumise, Jean Libon et Yves Hinant de l’émission culte Strip-tease signent un passionnant documentaire en forme de polar. Composé d’images d’archives, le film nous immerge comme rarement au cœur d’une enquête sur un féminicide perpétré il y a une vingtaine d’années, où l’on retrouve les trois héros de leur précédent film
Monté à partir d’une centaine d’heures de rushes d’une véritable affaire, ce film suit une équipe d’enquêteurs et une juge dans une histoire de femme égorgée. D’emblée, le principal suspect se trouve être son ex-compagnon, qui n’est autre que boucher de profession. Réfutant toute responsabilité, l’homme accuse des immigrés qui traînaient dans l’immeuble. Dans la pièce du crime, on retrouve des restes de frites… Un coupable idéal pour une enquête durant laquelle la réalité va, en fait, rapidement dépasser la fiction.
Cocréateur de l’émission culte franco-belge Strip-tease, pour laquelle ces images avaient été initialement tournées, Jean Libon s’allie ici une nouvelle fois avec l’un des réalisateurs du programme, Yves Hinant, avec lequel il avait déjà mis en scène un long métrage en 2018 : Ni juge, ni soumise. On retrouve d’ailleurs parmi les personnages principaux, outre les deux inspecteurs, la juge qui en était justement l’héroïne. Reconstituant peu à peu le puzzle des événements, le scénario réserve de multiples rebondissements, mettant en évidence l’absurde apparence de certaines situations, les obstacles rencontrés, le découragement des policiers, le flegme impressionnant de la juge, le tout soutenu par un humour des plus réjouissants. Mettant en permanence en exergue l’humanité des personnes composant l’institution, comme celle de l’accusé, le film montre autant les moments clés que les détails du quotidien qui rendent le tout tellement plus vrai que nature (la scène du déjeuner avec chips et sandwichs est des plus croustillantes…).
Quant au suspect numéro un, malgré des images prises sur le vif, l’évolution de sa posture comme la manière dont il est filmé nous donnent à voir de façon incroyablement pertinente son ressenti de l’affaire. On rit donc un peu jaune, on se prend réellement au suspense, on est surpris en permanence. Quant au rôle des frites, il s’avère à la fois tordant et significatif qu’un détail puisse tout changer à la perception d’un contexte.
