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À 63 ans, Emma Thompson se met à nu et impressionne dans le rôle de Nancy Stokes, enseignante à la retraite qui désire explorer sa sexualité. Un rôle à sa mesure qui bouscule nos imaginaires et fait un bien fou au moral !
Nancy Stokes a vécu une vie sage et sans excès. Après la mort de son mari, elle est prise d’un inavouable désir d’aventure. Nancy est une ancienne professeure de religion qui s’est un peu laissée dépasser par son époque et a la fâcheuse tendance de juger la jeunesse contemporaine. Effectivement, chez elle, rien ne déborde. Nancy est une femme droite, contenue, qui a appris à ne pas faire de vague, mais qui, à 55 ans, se sent un peu à l’étroit. Elle n’a jamais eu d’orgasme, n’a connu qu’une vie sexuelle plan-plan au cours de laquelle son mari, son seul et unique partenaire, n’a jamais considéré son plaisir. Alors, pour combler ce manque, elle décide de s’offrir les services d’un jeune escort boy, Léo Grande.
Ils se rencontrent dans une chambre d’hôtel, lieu de leurs rendez-vous, qui sera presque l’unique décor du film. Et dans ce huis clos intimiste, ils commenceront par discuter à bâtons rompus de sexualité avant de mettre leur dialogue en pratique. Il n’est pas simple pour Nancy d’aborder toutes ces questions en abandonnant les préjugés sur son âge, sur son corps, sur la honte de son désir sexuel que son éducation lui a appris à réprimer. Ses rencontres avec Léo sont donc l’occasion pour elle de lâcher prise progressivement, car plus qu’un laisser-aller charnel qui, déjà, se révèlera laborieux, c’est tout un discours autour de la sexualité qu’elle doit apprendre à déconstruire. Et Léo, jeune homme ouvert et sans jugement, est tout à fait à sa place pour la challenger dans ce domaine…
Mes rendez-vous avec Léo est le récit d’une libération, d’une découverte du plaisir sexuel comme terrain de développement personnel. Au fil de leurs rencontres, on remarque chez Nancy un changement physique, une légèreté l’envahit, un certain rayonnement. Emma Thompson est magnifique dans ce rôle de femme qui apprend petit à petit à aimer son corps, à accepter son désir et à s’ouvrir au monde. Le film, d’abord pudique, s’élance doucement vers quelque chose de plus « dénudé », sans jamais tomber dans la vulgarité. Il nous confronte, nous spectateur·rices, à nos propres retenues, à ce qu’on projette sans le savoir, sur la sexualité des femmes mûres. Et c’est à cet endroit que le travail d’Emma Thompson est magnifique car, en tant qu’actrice dont l’âge l’a aujourd’hui éloignée des standards du cinéma populaire, elle offre toute sa vulnérabilité, mais aussi toute sa force pour rendre visible un personnage de femme qu’on ne voit passez sur grand écran.
ALICIA DEL PUPPO, les Grignoux
