Le film a remporté 10 César en 1981
Le Dernier métro, récompensé par dix César, est le plus grand succès de François Truffaut. Bien plus qu’une sorte de « Jules et Jim des années noires », le film s’impose comme l’une des œuvres de fiction à même de nourrir la réflexion de tous ceux qu’interroge la question de la France – et des Français – sous l’Occupation
En pleine Occupation à Paris, Marion Steiner (Catherine Deneuve) est la directrice du théâtre Montmartre depuis que son mari, le metteur en scène juif allemand Lucas Steiner (Heinz Bennent), a fui. Ce dernier a laissé des indications de mise en scène pour une pièce norvégienne que Marion décide de monter, à l’aide de son collaborateur Cottin (Jean Poiret). Pour cela, Marion recrute Bernard Granger (Gérard Depardieu), un jeune acteur qui monte : il sera son partenaire dans le spectacle. Mais Lucas Steiner est en fait caché dans la cave du théâtre, avec la complicité de Marion. Chaque soir, celle-ci lui rend visite et commente avec lui le travail des comédiens…
On retrouve ici plusieurs constantes du cinéma de Truffaut, dont le triangle amoureux indécis, qui fait écho à celui de Jules et Jim. Le jeu des sentiments et les souffrances intérieures de personnages mal dans leur peau prolongent quant à eux le mal-être d’Antoine Doinel dans Les 400 coups. Les protagonistes du Dernier métro ne sont pas déterminés et jusqu’au-boutistes, mais au contraire indécis et instables. Marion hésite entre la fidélité envers son mari, qu’elle respecte et protège, et l’amour pour Bernard, envers lequel elle éprouve un mélange d’attirance et de répulsion. Bernard ne sait pas trop s’il doit rester dans sa nouvelle troupe et vivre avec Marion ou s’il doit intégrer la Résistance…
Il faut par ailleurs souligner deux autres dimensions du film : une reconstitution historique minutieusement documentée et une direction d’acteurs hors pair, Truffaut offrant de beaux écrins à des visages plus ou moins familiers du cinéma français, dans la tradition des films de Clouzot ou Carné.