La Peau douce est une histoire d'adultère traditionnelle et très réaliste qui donne de l'amour une image antipoétique, l'inverse en quelque sorte de Jules et Jim, comme une réponse polémique
Pierre semble heureux. Marié à Franca, épouse aussi aimante que séduisante, il est un écrivain très en vogue dont les ouvrages connaissent un vif succès. Mais lorsqu'il se rend à Lisbonne pour donner une conférence, il sympathise avec une hôtesse de l'air, Nicole. Séduit, il entame avec elle une liaison pleine de passion. Ne voulant plus la quitter, Pierre annonce brutalement à Franca qu'il souhaite divorcer. Bouleversée, l'épouse malmenée tente alors de sauver son couple à tout prix.
Le scénario de La Peau douce est bâti sur plusieurs faits divers touchant à des histoires d'amour qui ont mal tourné et dont on a tiré une seule histoire. Ce qui intéresse le plus François Truffaut, c'est le personnage de la femme trompée : on en fait toujours le personnage ingrat, mais ici elle est considérée de la façon la plus anti-conventionnelle possible. Pourquoi son mari veut-il la quitter ? Le réalisateur voulait que ce soit toute la question, tout le mystère du film, quelque chose qui pèse sur les trois personnages, inexorablement, mais que ceux-ci soient égaux, car il ne voulait faire aucun procès. C'est également un des films les plus plastiquement réussis de Truffaut, notamment dans toutes les scènes d'amour. Le jeu de regards fuyants dans l'ascenseur se révèle très réussi, de même et surtout les mouvements de caméra caressants, le jeu d'ombres et la gestuelle des acteurs lors de la première nuit où l'on sent l'influence du mentor Hitchcock sur Truffaut. Volontairement glacial, voici un très beau film qui dissimule sous sa froideur une vraie force dans l'expression de ces amours tourmentés.