Grand Prix au Festival du Film de Cabourg 2022
Un documentaire saisissant primé au Festival de Berlin qui esquisse les contours d’une histoire d’amour entre deux femmes, née dans le camp de concentration réservé aux femmes de Ravensbrück et jamais vraiment contée depuis
Vingt-huit avril 1945, des images, au ralenti, du retour de survivantes des camps de concentration débarquant d’un navire à Malmö, en Suède. Parmi elles, Nadine Hwang, le visage fermé, semble perdue dans ses pensées. Des pensées que Magnus Gertten, le réalisateur du documentaire, devine orientées vers une certaine Nelly. La petite fille de cette dernière, Sylvie Bianchi, vivant dans le nord de la France, accepte de parcourir avec lui les archives de son ancêtre, retraçant ainsi l’histoire des deux femmes qui se sont rencontrées au camp de Ravensbrück, et qui ont vécu ensemble après la Guerre…
Comme l’indique sa petite fille Sylvie, Nelly Mousset-Vos ne parlait jamais de cette époque-là ni de ses années au Venezuela passées auprès de Nadine, avant de revenir en Belgique pour vivre une autre partie de sa vie. Pourtant, Nelly a laissé de nombreuses photos, des vidéos super 8, des enregistrements audio et, surtout, un journal intime que Sylvie n’a jamais été capable de lire (au-delà des premières pages) depuis 20 ans. En cela, Magnus Gertten, documentariste suédois, va servir de médiateur, permettant à Sylvie de se lancer enfin dans le récit de cette vie hors normes, l’emmenant jusque dans des lieux dédiés à la mémoire. Entre les photos des camps et extraits lus du journal, tentant de rendre compte de l’horreur vécue dans les wagons de trains bondés ou au sein du « tombeau » (surnom effroyable du camp de Mauthausen), et les vidéos de moments de bonheur au Venezuela, entre amis, c’est donc un grand écart émotionnel qui attend le spectateur.
Primé au Festival de Berlin, Nelly & Nadine rappelle que « rien n’est jamais vrai socialement si ce n’est pas exprimé », qu’il s’agisse d’un amour homosexuel ou d’une déportation.