Sébastien Marnier, cinéaste du genre et de l’étrange à qui l’on doit les thrillers troubles et saisissants Irréprochable et L’Heure de la sortie, signe un polar cruel et baroque dans lequel la famille, loin d’être le territoire du réconfort, se révèle catalyseur d’une violence sourde, contagieuse et presque magnétique…
Ouvrière dans une conserverie, Stéphane (Laure Calamy) reprend contact avec Serge (Jacques Weber), ce père qu’elle n’a jamais connu. Elle découvre alors un homme extrêmement riche, reclus dans son immense demeure et entouré de femmes insondables qui vont chercher à la déstabiliser. Pour les impressionner, Stéphane s’invente une autre vie, prétendant être la propriétaire de l’usine où elle travaille. Les jalousies et les rancœurs commencent à fracturer la famille. Le mal se répand…
Extrêmement doué pour créer du suspense, Sébastien Marnier attache également une attention particulière au contexte social de ses personnages et comment celui-ci peut devenir le moteur de leurs actions, fussent-elles répréhensibles. Installant en quelques scènes la différence de classe sociale entre la fille illégitime et l’ensemble de la famille, mais aussi les tensions entre le père et les trois femmes réunies dans la maison, Sébastien Marnier déroule ensuite un scénario romanesque réservant son lot incalculable de rebondissements.
Le film doit également beaucoup à ses interprètes. Jacques Weber joue le père, entre dédain et complicité intéressée. Dominique Blanc est parfaite en maîtresse de maison à la collectionnite aiguë et dont la bienséance de façade masque à peine les intentions. Doria Tillier fait des merveilles en fille sans empathie, dont l’absence apparente d’ambiguïté ne la réduit cependant pas à sa seule ambition démesurée. Laure Calamy navigue, quant à elle, avec une aisance certaine entre plusieurs facettes, surprenant à nouveau ceux qui ne sont pas encore fans… De quoi se laisser convaincre d’embarquer dans ce quasi huis clos ensoleillé, aux personnages délicieusement ambigus.