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Bande-annonce
affiche du film Peter von Kant

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Peter von Kant

  • Réalisé par
    François Ozon
  • Interprété par
    Denis Ménochet, Isabelle Adjani, Khalil Ben Gharbia
  • Distributeur
    September Film
  • Langue
    français
  • Pays d'origine
    France
  • Année
    2022
  • Durée
    1 h 25
  • Version
    Version française
  • Type
    Drame
  • Date de sortie
    2022-07-06

Avec cette libre adaptation de la pièce de théâtre et du film de Rainer W. Fassbinder, François Ozon réussit un film très personnel, plein de style et d’intensité, sur l’énergie créatrice débordante et la passion amoureuse dévorante

Peter von Kant, célèbre réalisateur à succès, habite avec son assistant Karl, qu’il se plaît à maltraiter. Grâce à la grande actrice Sidonie, il rencontre Amir, un jeune homme d’origine modeste, et s'en éprend. Il lui propose de partager son appartement et de l’aider à se lancer dans le cinéma...

Fasciné et inspiré depuis toujours par le cinéma de Fassbinder, François Ozon avait déjà eu l’occasion d’adapter l’auteur allemand avec Gouttes d’eau sur pierres brûlantes, en 2000, un film volontairement théâtral, distancié et ironique. Avec cette adaptation de la pièce de théâtre et du film Les Larmes amères de Petra von Kant, il choisit un registre nettement plus sérieux et écorché pour un résultat éminemment personnel et aux préoccupations contemporaines, à l’exact opposé de l’exercice de style déconnecté du temps présent. Il personnalise son adaptation jusqu’à ramener au genre masculin trois des personnages principaux d’origine et remplacer le monde de la mode par celui du cinéma, comme pour mieux parler de lui et de Fassbinder. Optant pour des couleurs chaudes et sombres dans un décor de mélodrame américain plein d’élégance, à l’esthétique travail- lée, le cinéaste renforce l’impression d’étouffement et de passion qui plane dans ce petit espace intérieur où cohabitent, non sans difficulté, les êtres aux sentiments contradictoires.

Dans le rôle principal, Denis Ménochet est exceptionnel en artiste torturé, capable de dureté et de douceur dans un même regard et dans un même dialogue. Il n’est jamais caricatural, même dans les excès, car submergé par ses émotions. Il est cet être aussi repoussant qu’attirant que l’on ne pourrait jamais regarder tomber en fermant les yeux, sans un geste de secours. François Ozon orchestre avec beaucoup de virtuosité ce petit théâtre de la vie débordé par la domination, l’emprise et la soumission. C’est une double photographie sans fard de la passion amoureuse qui en appelle à une perte de contrôle naturelle, et dela création artistique dans toute son ambiguïté, car faite de désir et de folie.

Le film est dense, limpide, bat au rythme des émotions, de la cruauté et de la beauté d’un amour que l’on voudrait tellement voir éclore pour de bon qu’il ne peut que se consumer instantanément. François Ozon signe un film d’amour malheureux mais si fort et beau dans sa douleur. Il raconte la solitude de l’artiste et son besoin absolu d’inventer (ici, d’enregistrer le réel, de capter le visage de l’être aimé) quand surgit face à lui la source de sa plus belle inspiration. Un film puissant sur l’énergie de la création, moderne et totalement désacralisée. Faire du cinéma, c’est vivre dans l’intensité.

NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux

Fiche PDF du film