Gastón Duprat et Mariano Cohn (Citoyen d’honneur) signent une comédie satirique décapante sur les coulisses du cinéma et les affres de la création
Un homme d’affaires milliardaire décide de faire un film pour lais- ser une empreinte dans l’histoire. Il engage alors les meilleurs de la discipline : la célèbre cinéaste Lola Cuevas, la star hollywoodienne Félix Rivero et le comédien de théâtre radical Iván Torres. Mais si leur talent est grand, leur ego l’est encore plus !
Principalement rythmé par des séances de lecture du scénario, de répétitions ou d’exercices rendues dynamiques par le décor d’un immense bâtiment moderne et par l’inventivité des dispositifs souvent sadiques mis en place par la réalisatrice (une pierre de cinq tonnes suspendue au-dessus des acteurs pour leur mettre la pression, par exemple), le film décoche au passage nombre de flèches visant les métiers du cinéma. Dévoilant les petits trucs de chacun (le menthol pour déclencher les larmes, le blanchiment des dents…), on se dit rapidement, face au flot de mesquinerie et de prétention, et comme le déclare d’ailleurs l’un des personnages, que : « le monde n’a pas besoin de plus d’acteurs ».
Penelope Cruz, Antonio Banderas et Oscar Martinez semblent en tous cas tous trois prendre autant de plaisir à plonger dans ce jeu de dupes, dévoilant les égos démesurés des artistes (Banderas qui joue dès le début à la remise de prix avec une cafetière), que le spectateur à les regarder, lui qui est témoin d’une succession d’enfantillages, d’hypocrisies, de manipulations… Jusqu’à un final particulièrement cynique, montée des marches en bonus, qui enfonce le clou sur le caractère industriel d’un certain cinéma. Jouissif.