Alien évoque le pire de nos cauchemars, la créature tapie le soir en dessous du lit, la peur ancestrale, psychanalytique, primale, brute. Le slogan de 1979 est génial : « Dans l’espace, personne ne vous entend crier ! » Le décor est planté d’emblée et tout sera permis…
Le vaisseau commercial Nostromo et son équipage, sept hommes et femmes, rentrent sur Terre avec une importante cargaison de minerai. Mais lors d’un arrêt forcé sur une planète déserte, l’officier Kane se fait agresser par une forme de vie inconnue, une arachnide qui étouffe son visage. Après que le docteur de bord lui retire le spécimen, l’équipage retrouve le sourire et dîne ensemble. Jusqu’à ce que Kane, pris de convulsions, voit son abdomen perforé par un corps étranger vivant, qui s’échappe dans les couloirs du vaisseau...
Tout comme les membres de l’équipage, ce n’est pas l’apparence cauchemardesque de l’extraterrestre qui nous cloue à notre divan, mais bien ses parties incessantes de cache-cache. L’œuvre tire sa force de la menace latente, tapie dans les entrailles du Nostromo. L’obscurité possède une vie propre. La présence de la créature est suggérée, Ridley Scott joue des plans sombres et de la musique pour faire monter la tension. Le rythme qu’il impose est lent, angoissant. On attend, fébrile, que quelque chose se passe. Le réalisateur joue brillamment avec nos nerfs, il pratique un art quasiment oublié de nos jours ; en effet, le cinéma actuel préfère se gargariser de scènes gore multiples au montage serré. Pourtant, la règle d’or fonctionne toujours : moins on en voit, plus on y croit. L’utilisation des jeux de lumière – les scènes qui prennent place dans les compartiments de détente – et d’obscurité – les recoins reculés du vaisseau – entretient la claustrophobie qu’éprouvent les personnages. Si, comme dans Les Dents de la mer de Steven Spielberg, la créature n’apparaît que rarement à l’écran, la menace est pourtant omniprésente.