Réalisée en 1973, cette dystopie mêle les genres du film policier et de la science-fiction et situe son action en… 2022, dans un monde suffocant et apocalyptique. Un plaidoyer écologique d’une rare clairvoyance et d’une redoutable efficacité signé par Richard Fleischer (Les Vikings, 20 000 lieues sous les mers…)
En 2022, New York, comme le reste de la planète, est écrasée par la pollution et la surpopulation. On y a oublié la vie telle qu’on la connaît, jusqu’au goût de la nourriture, remplacée pour l’essentiel par les aliments industriels de la société Soylent. Assisté du fidèle Sol Roth, vieux bibliothécaire et mémoire du temps passé, le détective Thorn enquête sur le décès de Simonson, un riche privilégié proche des cercles dirigeants. Alors qu’il progresse dans son enquête, on veut empêcher Thorn de découvrir la vérité.
Comme il le fit tout au long de sa carrière, Richard Fleischer démontre à nouveau sa maîtrise du cadre et du format large. La composition des plans relève d’une grande perfection classique, c’est une évidence avec ce réalisateur, et Soleil vert brille par sa sobriété et son esthétique. Incontestablement, la facture classique du film est une des raisons qui lui ont permis de traverser les années sans perdre de sa force. Soleil vert ne semble pas daté, et cette impression est renforcée par la direction artistique du film. Fleischer n’a pas cherché à imaginer un futur radicalement différent du monde contemporain et il s’est donc peu trompé. En ne se reposant pas sur une surcharge de trucages ou d’effets spéciaux, Soleil vert propose finalement une vision d’un monde assez proche visuellement de celui des années 70, et du nôtre. Un choix qui renforce le réalisme du film, sa crédibilité, et l’impact sur le spectateur qu’ont ses images et les événements qui nous sont racontés. La structure narrative du film fait écho à ces choix esthétiques. Fleischer ne fait pas le choix de l’abstraction, mais propose une solide intrigue policière pour confronter plus efficacement le spectateur à l’ambiance du film, et au propos qu’il ambitionne de délivrer. À l’écran, Fleischer traduit cette angoisse par des images frappantes, comme celles des gens qui s’entassent dans l’escalier de l’immeuble qu’habite Thorn, par opposition aux quelques très rares privilégiés, comme Simonson, qui ont encore la chance de vivre dans de vastes et luxueux appartements.