Michel Leclerc (La Lutte des classes, Le Nom des gens) réunit deux jeunes comédien·ne·s du cinéma français dans une histoire sympathique où s’affrontent le populaire et le chic, le bon et le mauvais goût, l’univers arty de Paris et celui, plus simple, de la province. Au centre : l’héritage musical d’une vieille chanteuse hippie partie sans crier gare
Marcia (Rebecca Marder, vue récemment dans Une jeune fille qui va bien) est à l’aube d’une carrière de chanteuse prometteuse. Elle travaille sur un nouvel album avec Daredjane (Judith Chemla), icône hippie des années 1970 qui a disparu de la scène musicale depuis très longtemps. La différence de génération rend parfois la collaboration difficile, mais la même passion pour la musique les unit et une belle amitié est née entre les deux femmes. Alors que l’album est sur le point d’être finalisé, Daredjane disparaît soudainement. Marcia souhaite tout de même sortir l’album et, pour ce faire, elle doit convaincre l’ayant droit de l’artiste, Anthony Denoël, un petit cousin éloigné. Anthony vit à Bures-sur-Yvette où il est placier sur le marché local. Sa vie, c’est des demis au bar Le Perroquet, une copine différente chaque jour et des séances de karaoké le samedi soir avec les copains. Sa vieille tante Daredjane, il n’a jamais pu l’encadrer, et sa musique encore moins…
Réalisateur pour la télévision (la série Fais pas ci, fais pas ça) et le cinéma (La Vie très privée de Monsieur Sim, Le Nom des gens), scénariste (pour Carine Tardieux notamment), Michel Leclerc a ses thèmes de prédilection : la mixité, le métissage des cultures et surtout une critique amusée de sa propre classe sociale, à savoir celle des bobos. Les Goûts et les Couleurs n’échappe pas à ce passage au crible. Le cinéaste s’amuse cette fois à disséquer le monde de la musique populaire avec ses petites combines minables, ses artistes sur le retour et ses enregistrements d’émissions ringardes mais qui rapportent.
Rebecca Marder apporte une jolie fraîcheur dans ce scénario un peu convenu et Félix Moati excelle dans le rôle du beauf de province qui apprend ce que sont les droits d’auteur et surtout ce qu’ils rapportent. La rencontre entre les deux personnages donne aussi au réalisateur l’occasion d’égratigner la société branchée parisienne à travers des scènes cocasses et des punchlines bien senties.
LES GRIGNOUX