Un long métrage d’animation d’exception, fruit d’un travail de trente ans, par une légende hollywoodienne des effets spéciaux et de la stop-motion. Immanquable !
Le nom de Phil Tippett reste associé à des productions pharaoniques où il s’illustre très tôt en qualité de superviseur des effets spéciaux, et en particulier l’animation de créatures fantastiques en stop-motion. Star Wars, L’Empire contre-attaque, RoboCop, Jurassic Park ou encore Starship Troopers... autant de titres où son imaginaire et son art du mouvement contribuent à façonner des scènes inoubliables. Mais c’est en dehors des carcans des grandes productions qu’il se lance dans le projet fou de Mad God, qu’il démarre en 1990 pendant le tournage de RoboCop 2. Alors que l’arrivée de l’image de synthèse semble sonner le glas de l’animation traditionnelle en volume, en particulier avec l’avènement de Jurassic Park, Tippett poursuit le travail et, d’années en années, va créer de toutes pièces un univers cauchemardesque dans lequel il pourra s’exprimer sans entraves, et donner corps à un bestiaire monstrueux foisonnant. Financé en majeure partie par crowdfunding, Mad God a tout du projet dément, produit en toute indépendance par un créateur de génie. Dépourvu de dialogues, convoquant autant la peinture (Bruegel, Bosch) que les grands noms de l’animation (on citera Ray Harryhausen, Svankmajer, mais aussi les clips de Tool) et la série B, Mad God s’impose comme une œuvre unique et radicale, expérimentale et sensitive, comme on en rencontre trop rarement sur grand écran.
CHRISTOPHE MAVROUDIS, Festival Offscreen