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Bande-annonce
affiche du film Petrov's Flu

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Petrov's Flu

  • Titre original
    La Fièvre de Petrov
  • Réalisé par
    Kirill Serebrennikov
  • Interprété par
    Semyon Serzin, Chulpan Khamatova, Yuliya Peresild
  • Distributeur
    Imagine
  • Langue
    russe
  • Pays d'origine
    Russie
  • Année
    2020
  • Durée
    2 h 26
  • Version
    Version originale sous-titrée en français
  • Type
    Drame
  • Date de sortie
    2022-03-30

Kirill Serebrennikov (Leto) revient avec une contagieuse odyssée fantasque, qui nous parle d’une pérégrination jusqu’aux confins de l’irréel, où fantasme, noirceur et joie se confondent, dans une partition parfaitement bien millimétrée

Kirill Serebrennikov nous avait laissés il y a trois ans avec le souvenir du magnifique Leto, biopic musical enveloppé d’un sublime noir et blanc sur la scène rock russe contestataire des années 1980.

Depuis, la situation de Serebrennikov s’est considérablement dégradée en Russie. Trois ans après une première condamnation dans une affaire de détournement de fonds publics aux relents de punition politique pour son opposition farouche au gouvernement de Vladimir Poutine, le cinéaste fut à nouveau condamné à trois ans de prison, avec sursis cette fois, peine assortie d’une assignation à résidence.

Adaptation d’une nouvelle du recueil de l’écrivain Alexeï Salnikov (Les Petrov, la grippe, etc.), Petrov’s Flu est un pendant radicalement opposé au précédent long métrage du cinéaste. Loin de l’enthousiasme solaire, idéaliste et adolescent de Leto, Petrov’s Flu nous plonge dans le délire fiévreux du nommé Petrov, dessinateur de bande dessinée, qui le fait divaguer entre le réel de la Russie post-soviétique et son imaginaire torturé. Tout commence dans un bus bondé de gueules hautes en couleur, avant que Petrov ne retrouve son ami Igor à bord d’un corbillard plus ou moins volé qui va les entraîner peu à peu dans la nuit et la folie.

Absconse et brumeuse, l’intrigue du film n’est qu’un long contre-pied permanent qui égare et brouille absolument tous les repères du spectateur. Il va sans dire que l’ambition de Kirill Serebrennikov n’est absolument pas là. Son film est en réalité un long poème dadaïste, une expression brute de l’art contre le réel, une sorte de téléphone arabe où chaque participant qui se succède est plus imbibé par la vodka et les médocs frelatés que le précédent. Flirtant même parfois avec le fantastique, ce long vertige de deux heures trente vire à l’expérience quasi physique d’attraction-répulsion et nous égare un peu plus à chaque fois que l’on pense avoir retrouvé le fil de la réflexion.

Petrov’s Flu est un film débridé et débraillé, un film méchant pour le plaisir de l’être, un geste punk dans un monde de punks à chiens dont on devine l’évident doigt d’honneur que Serebrennikov prend plaisir à tendre à son pays. Son film est une expérience théorique et cérébrale fascinante, un torrent de bile noire qui se déverse irréversiblement en contaminant tout autour de lui. Le thème de la contagion est omniprésent, car il n’y a pas que la grippe qui se refile dans les rues sombres et les bâtiments crasseux. Le monde invoqué par Serebrennikov est un monde de visages cassés et d’âmes moches, où le venin circule de corps en corps. Expliquer Petrov’s Flu est en soi un contre-sens tant il demande d’abord à être vécu plutôt qu’à être raconté.

Fiche PDF du film