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Bande-annonce
affiche du film Drive My Car

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Drive My Car

  • Réalisé par
    Ryūsuke Hamaguchi
  • Interprété par
    Hidetoshi Nishijima, Toko Miura, Masaki Okada
  • Distributeur
    September Film
  • Langue
    japonais
  • Pays d'origine
    Japon
  • Année
    2021
  • Durée
    3 h 00
  • Version
    Version originale sous-titrée en français
  • Date de sortie
    2022-03-02
  • Récompenses

    Oscar 2022 du Meilleur film en langue étrangère, Meilleur film en langue étrangère aux Golden Globes 2022, Prix du scénario, Prix Oecumenique et Prix Fipresci au Festival de Cannes 2021

Ryūsuke Hamaguchi (Asako I & II) adapte Des hommes sans femmes, une nouvelle de Haruki Murakami, dans un road movie profond où les silences ont autant de poids que les discours. Un film extrêmement raffiné, à la lenteur élégante, dans lequel le cinéaste laisse aux personnages le temps de se construire et de prendre leur place dans un récit sur l’intime

C’est l’histoire de Yūsuke Kafuku, un comédien et metteur en scène reconnu, qui vient de perdre sa femme et qui a accepté de monter la pièce de Tchekhov, Oncle Vania, dans le cadre d’un festival de théâtre à Hiroshima. Le film est construit en deux parties : avant et après la mort de sa femme Oto.

Le premier volet nous raconte une série de faits, plante le cadre qui entoure le couple, essaime des détails qui nous racontent leur parcours de vie. Quand on retrouve Yūsuke dans la deuxième partie, deux ans plus tard, il est désormais veuf et dirige les lectures du texte de Tchekhov avec une troupe d’acteurs qui ne parlent pas la même langue (il y a même une actrice muette). Pour son confort, le festival a mis à sa disposition une voiture conduite par une jeune femme qui lui sert de chauffeur. Et c’est là, dans l’habitacle clos de cette Saab turbo rouge que le récit se déroule. Pendant les longs trajets, Yūsuke écoute en boucle les répliques d’Oncle Vania et, très vite, le texte du dramaturge russe fait écho aux préoccupations des personnages principaux. Entre la conductrice et son passager, une intimité s’installe. Celle qui ne peut exister qu’entre deux personnes inconnues, mais qui, par une étrange alchimie, permet de partager des choses essentielles. On entre alors complètement dans l’humain, le ressenti. Toute la virtuosité du cinéaste japonais se révèle : il nous permet de cerner le vécu et l’émotion qui enveloppent les deux personnages, qui vont finir par se confier l’un à l’autre tant par leur discours que par les silences qu’ils laissent planer entre eux. Le titre du film (littéralement Conduis ma voiture) invite à se mettre à la place de l’autre et à comprendre ce qui l’a poussé à faire certains choix.

Le film a reçu le prix du scénario à Cannes, mais aurait tout aussi bien pu avoir celui de la mise en scène tant celle-ci est virtuose, usant de processus audacieux (comme cette façon d’emmener le spectateur entre les espaces clos et d’autres, bien plus vastes, où le récit se délie). Certes, le film est long, mais on est rapidement touché par la grâce qui émane de ce voyage initiatique et qui nous fait oublier le temps qui passe...

Un très beau moment de cinéma !

 

LAURENCE HOTTART, les Grignoux

Fiche PDF du film