Ce documentaire est une plongée immersive, d’une grande rigueur formelle et à haute valeur morale, dans le monde exigeant de la boxe amateur, ainsi qu’une rencontre émouvante avec de tout jeunes sportifs passionnés et acharnés, en quête de perfection
Ce beau documentaire épuré suit Vasken, Amédéo et Guillaume dans leur apprentissage du Noble art entre leurs dixième et treizième années. Un âge auquel le corps et la personnalité se forment et où tous les rêves sont possibles. La boxe demande une préparation physique particulièrement exigeante, l’intériorisation du geste technique, mais aussi l’apprentissage de la maîtrise de soi dans le déchaînement du combat. Cette aventure est aussi une première incursion dans un monde d’adultes aux caractères bien trempés, vibrants de passion, de souvenirs légendaires et de gloire. Dans un souci de réalisme qui évite les conventions scénaristiques artificielles, les réalisateurs prennent le temps pour poser leur récit et filmer ces chorégraphies de gestes et de mouvements du corps, ces visages concentrés et transpirants, laissant l’imprévu et le merveilleux surgir à point nommé, sans jamais rien forcer. On fait connaissance avec un sport tant de fois mythifié par le cinéma de fiction (on pense illico à Rocky et Raging Bull), avec un microcosme et les codes d’un sport légendaire finalement peu exposé médiatiquement aujourd’hui.
Tout de suite, la relation de forte proximité entre les jeunes et leurs entraîneurs saute aux yeux. Tels des pères de substitution, les entraîneurs prodiguent leurs conseils, s’impliquent corps et âme et témoignent d’un incroyable amour du métier. Plein d’humanité, le film est la rencontre entre une nouvelle et une ancienne génération dénuée d’égo, jamais donneuse de leçons, simplement désireuse de transmettre son savoir à des sportifs débutants. Cependant, la force du film est de ne pas glorifier le sport, de rappeler que cela doit avant tout rester du plaisir (« Faut qu’il vive dans son monde, faut le laisser… » exprime un des adultes à propos d’un jeune boxeur), qu’il a sa part de violence inéluctable en lui (les blessures), comme toutes les disciplines. C’est une histoire de passion et d’acharnement que l’on découvre, mais aussi la fébrilité et le désir de s’améliorer, de se dépasser, de se découvrir petit à petit, tant dans le physique que dans le mental, quand on a à peine 13 ans et que son corps est en pleine construction. C’est d’autant plus fort à révéler que ce sport se pratique dans le respect de l’adversaire et dans une grande mixité communautaire. Une magnifique leçon de vie, clairement.
NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux