Haute Couture raconte la rencontre improbable entre une jeune fille de banlieue et une couturière de la maison Dior et nous offre une plongée impressionnante dans les ateliers des grandes maisons de la mode
Première d’atelier au sein de la maison Dior, Esther (Nathalie Baye) participe à sa dernière collection de haute couture avant de prendre sa retraite. Elle a consacré sa vie à son travail, à la répétition de ces gestes précis et méticuleux qui fabriquent dans l’ombre des ateliers les créations auxquelles le public accède seulement au moment des grands défilés. À l’heure de la retraite, c’est donc avec une certaine mélancolie qu’Esther se rend au travail…
Un jour, elle se fait voler son sac dans le métro par Jade (Lyna Khoudri), 20 ans. Mais celle-ci, prise de remords, décide de lui restituer son bien. Entre les deux femmes se tisse alors un improbable lien… Esther est séduite par l’audace de la jeune fille et, en observant ses mains fines et délicates, elle prend conscience que celles-ci pourraient faire des merveilles en couture. Elle propose donc à Jade un stage à la maison Dior. C’est l’occasion pour Esther de transmettre son savoir-faire, son métier d’artisane, avant de tirer sa révérence et, pour Jade, de découvrir un univers flamboyant qui lui était jusque-là inconnu, voire même de construire une nouvelle ambition.
Son arrivée à l’atelier n'est pourtant pas de tout de repos. Jade doit faire face à l’animosité d’autres travailleuses arcboutées sur leurs principes et leurs préjugés. Il lui faudra donc, comme c’est souvent le cas pour les jeunes femmes d’origine maghrébine, faire deux fois plus d’efforts pour démontrer qu’elle a toute sa place dans cet atelier.
Mais le scénario de Haute Couture ne se limite pas à ce motif d’une jeune femme sauvée miraculeusement d’une supposée misère ; il aborde aussi, grâce à cette rencontre néanmoins quelque peu « magique », la réconciliation de deux femmes avec elles-mêmes et de deux mondes qui ne se côtoient pas.
Certes, l’histoire est simple, certainement déjà vue, mais quel plaisir de voir ces deux générations d’actrices se donner la réplique : Nathalie Baye d’un côté, égérie classieuse du cinéma français, et Lyna Khoudri, révélation du film Papicha, vue dernièrement dans Gagarine et The French Dispatch.
Reste à souligner la beauté des reconstitutions des ateliers Dior, et l’hommage que le film rend au travail d’orfèvre que réalisent les couturières, dans l’ombre, pour faire briller les grands noms de la mode.
LES GRIGNOUX