Oscar du meilleur scénario original en 1942
Inspiré par la vie du magnat de la presse William Randolph Hearst, ce chef-d’œuvre total est la première réalisation d’Orson Welles, un jeune cinéaste d’à peine 25 ans alors, qui tient aussi le rôle principal. Un film-somme aux richesses inépuisables qui fête ses 70 ans !
Un reporter enquête sur la vie tumultueuse du milliardaire Charles Foster Kane, qui vient de décéder dans son château de Xanadu.
Jacques Lourcelles, dans une belle analyse du film, estime que tout, dans son influence, découle de la construction extrêmement originale, littéraire, cinématographique, de sa narration. Coexistent en effet trois nouveautés dans cette construction si singulière. Tout d’abord, une sorte de « sommaire » du film, puisqu’est immédiatement diffusée une bande-actualité qui résume ce que le spectateur découvrira ensuite en deux heures de projection haletante. L’originalité est sur ce point absolument inédite. Ensuite, l’utilisation systématique et multiple des flash-back donne à Citizen Kane la forme d’un film-enquête inversant de manière inouïe toutes les règles hollywoodiennes de progression narrative et de suspense. Les flash-back proviennent de cinq personnages différents, tous contactés par le journaliste-enquêteur, et ne cessent de se croiser, de se contredire, donnant une épaisseur impressionnante à cette vie dont le mystère se renforce. Enfin, dernière contribution à cette nouvelle pensée narrative du cinéma, Welles cherche dans Citizen Kane à donner plusieurs points de vue sur le même destin, sur un identique personnage, ce qui en trouble évidemment toujours plus les secrets.