Cette fiction du cinéaste ivoirien Philippe Lacôte investit l’univers clos de la Maca, l’une des prisons les plus surpeuplées d’Afrique de l’Ouest. Un hommage à la puissance du conte et de l’art de la parole, et une dénonciation des ravages occasionnés par les luttes de pouvoir
La Maca est un monde à part avec ses codes et ses lois. La règle principale est que le Dangôro, le chef suprême, y a le droit de vie et de mort sur les prisonniers. Mais lorsque le Dangôro est malade, il ne peut plus gouverner et doit se donner la mort.
Barbe Noire est à bout de souffle, il sait quel sort sa cour lui réserve, mais il veut d’abord organiser un dernier round, véritable tour d’honneur, en désignant un nouveau « Roman », petit Prince sans royaume chargé d’amuser la cour le temps d’une nuit. À lui de divertir les détenus par ses récits pendant que la Lune rouge s’impose dans les cieux. Manœuvre dilatoire ou vraie festivité organisée ? La cour est fébrile.
Philippe Lacôte a imaginé un drame qui tient à la fois de l’épopée, de la veillée et de la chanson de geste avec des parfums de spectacle vivant au gré des chorégraphies et des mouvements d’ensemble qui animent la Maca, mais aussi des accents shakespeariens de ses récits. On y croise le toujours impressionnant Issaka Sawodogo en directeur de prison, et l’étonnant et fantomatique Denis Lavant. Métaphore des luttes de pouvoir qui ont récemment embrasé la Côte d’Ivoire, cette Nuit des rois s’inscrit dans un lieu insolite et secret où l’on découvre que le conteur joue un rôle de premier plan.