Aussi présenté à la Journée Prof ce lundi 27 septembre
Ce thriller social efficace, porté par l’excellent Sami Bouajila (Un fils, Indigènes), nous plonge dans un conflit de loyauté subtil et nuancé entre un père et sa fille, dans le monde abrupt de l’entreprise et de ses dirigeants, prêts à tout pour le profit, quitte à fermer les yeux sur de désastreuses répercussions sanitaires et environnementales. Un récit fouillé, une mise en scène délicate et une narration intelligible, loin des discours moralisateurs ou partisans, font de ce film une réussite
Inspiré de l’affaire des rejets de boues rouges déversées en Méditerranée par l’usine Alteo de Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône, Rouge revient sur un scandale écologique à travers le regard de Nour, une jeune infirmière du travail qui découvre progressivement et en même temps que nous les pratiques douteuses de l’usine où elle vient d’être engagée grâce à son père, Slimane, ouvrier et délégué syndical au sein de l’entreprise. Déplacée dans la région de Grenoble sous le nom d’Arkalu, l’usine devient, dans le film de Farid Bentoumi, une sorte de cadre universel pour dénoncer les pollutions industrielles ainsi que leurs effets néfastes sur la santé humaine et sur l’environnement.
Abordé sous l’angle du drame familial avec une cristallisation des enjeux sur les figures d’un père syndicaliste et de sa fille lanceuse d’alerte, le sujet est ici traité dans toute sa complexité autour d’une vraie question : celle de savoir si le plus l’important est de protéger la santé de l’homme ou de sauver l’emploi qui le fait vivre… Tout cela avec, en filigrane, la perspective d’un monde essoufflé qui arrive au bout de ses ressources naturelles et se dégrade irréversiblement sous l’effet du réchauffement climatique.
Parfaitement abouti, Rouge ouvre le débat et, loin de tout jugement ou tentative d’orientation, amorce la réflexion autour du futur de nos sociétés à bout de souffle.