Bayard d’Or du Meilleur film au FIFF
Bayard d’Or du Meilleur film au FIFF, ce documentaire plein d’amour raconte l’intime familial avec pudeur, tout en bousculant nos préjugés sur la toxicomanie. Un regard émouvant sur la vie secrète d’un homme qui tente de se libérer de ses addictions.
Damien Samedi a 43 ans. Quand il était enfant, dans son village wallon en bord de Meuse, on l’appelait le "Petit Samedi". Pour sa mère Ysma, Damien est toujours son gamin, celui qu’elle n’a jamais abandonné lorsqu’il est tombé dans la drogue. Un fils qui a, malgré tout, cherché à protéger sa mère, et qui fait face à son histoire pour s’en sortir.
Petit Samedi est à coup sûr l’un des plus beaux documentaires vus cette saison, une vraie claque de cinéma, la signature d’une jeune cinéaste pleine de promesses qui a des choses à nous dire, notamment sur la toxicomanie qu’elle aborde de face et loin des clichés. Composé essentiellement de longs plans séquences fixes très bien éclairés, le film prend le temps d’écouter et de regarder vivre son protagoniste avec naturel, sans formatage narratif. Le film suit Damien au quotidien, raconte sa volonté de s’en sortir, à tout prix, « de mieux se comprendre » comme il le dit. La vie s’écoule sous nos yeux dans ces moments creux, dans cet entre-deux où tout se joue mais qui intéresse habituellement peu le cinéma. Le film les transcende, en révèle toute leur puissance émotionnelle.
Quand Damien est seul à l’image, il demeure silencieux, secret et la caméra capte, avec retenue, la beauté d’un visage plein de mystères. Lorsqu’il est aux côtés de sa mère, second protagoniste essentiel du film, magnifique de dévouement et d’attention, Damien s’ouvre plus. Il parle, se relâche, ce qui donne lieu à des scènes très vivantes, voire légères par instant. Le scénario emprunte ces deux voies qui symbolisent l’état mental paradoxal de Damien, un homme en proie à une lutte intérieure permanente, difficile à canaliser. Si le film est un huis-clos, il montre aussi ce qui gravite autour de Damien, le décor dans lequel il a vécu son adolescence, cette Wallonie rurale que l’on ne voit pas assez au cinéma. Il ouvre le cadre et offre une vraie présence au décor et au passé de Damien. Le monde est là, bien inscrit dans cette histoire familiale poignante aux questionnements universels. Au bout du compte, le film dresse aussi le portrait d’une certaine sensibilité masculine rarement explorée dans le cinéma contemporain, ce qui n’est pas la moindre de ses qualités.