Le premier film de Jean-Pierre et Luc Dardenne retrouve le chemin du grand écran dans une copie restaurée, après avoir été longtemps invisible. Un documentaire exceptionnel, poétique et politique, aux résonnances contemporaines, où sept personnes qui résistèrent au nazisme se souviennent de leur combat dans la région liégeoise
Au-delà de la mémoire des faits et des actes des témoins rencontrés se construit dans le film une mémoire du sens, où chaque protagoniste essaye d’élucider le pourquoi de sa résistance, une passerelle possible entre deux générations séparées par quarante ans d’histoire. Rester vigilant pour que rien ne s’oublie et que tout se transmette, rattacher le passé au présent de citoyens qui n’ont pas connu la guerre, mais qui ont hérité d’une histoire, souvent lourde, sur les cendres de laquelle ils se construisent jour après jour.
Quand Jean-Pierre et Luc Dardenne filment ainsi les passants et les maisons des rues de Liège, c’est la vie aujourd’hui (en 1977, donc) qu’ils captent, anonyme, une vie qui porte en elle les marques de son histoire. Dès ce Chant du rossignol, on retrouve l’humanisme de leur regard, cette éthique et cette rigueur dans la mise en scène, cette dimension sociale, cet engagement qui fondent leur démarche.