« Mai 68 du cinéma fantastique », La Nuit des morts-vivants a jailli du fond de l’industrie du cinéma d’exploitation horrifique pour en dynamiter les codes et marquer son histoire d’une empreinte indélébile dont l’onde de choc se ressent encore aujourd’hui
S’il n’invente ni le zombie ni le mort-vivant, déjà présents dans le folklore populaire, le cinéma ou la littérature (Je suis une légende de Richard Matheson aura une influence considérable sur le film), George A. Romero va néanmoins imposer dans l’imaginaire collectif sa conception du monstre. Anthropophage mu par son instinct de consommation de chair, vecteur d’une pandémie galopante qu’aucune institution ne parvient à juguler, le mort-vivant de Romero inspire autant une redoutable mise en scène de la terreur que le commentaire social féroce, le cinéaste parvenant à fusionner ces deux aspects pour en amplifier leur portée respective. Le tempérament farouchement indépendant du cinéaste et sa capacité à travailler dans des budgets réduits à l’extrême où le système D prévaut, l’amènent à repousser les limites narratives du genre et à cultiver un univers esthétique où le réel se révèle cauchemar, et où le cauchemar parle fondamentalement du réel. Plus d’un demi-siècle après sa réalisation, La Nuit des morts-vivants, et son atmosphère de fin du monde vécue à échelle humaine, continue d’alimenter un cinéma fantastique contemporain qui ne mesure pas toujours la dette qu’il doit à George A. Romero. L’occasion est donc donnée de célébrer le cinéaste comme il se doit !
CHRISTOPHE MAVROUDIS
Attention : la projection unique de ce film fait partie de la soirée spéciale George A. Romero, qui comprend la projection à 20h de The Amusement Park, suivie de celle de La Nuit des morts-vivants. Pour pouvoir vous procurer vos places pour cette soirée, rendez-vous sur la fiche de The Amusement Park en cliquant ici.