Un film aussi pêchu et lumineux que poignant, concentré d’énergie et d’humanité solidaire. Rocks nous parle d’une Angleterre merveilleusement bariolée, métissée, et donne une voix, des voix, à un melting-pot bouillonnant de jeunes filles comme on en voit trop rarement sur les écrans !
À 15 ans, Olushola – que toute sa bande d’amies soudées et hautes en couleur surnomme Rocks – est la boute-en-train de sa bande, toujours à faire la pitre à coup de réparties irrésistibles. On ne peut songer une seconde que quoi que ce soit puisse l’ébranler. C’est sur ses solides épaules que son petit frère Emmanuel, 7 ans, vient se réconforter… Et sur ces mêmes épaules que sa propre mère va s’appuyer, une fois de plus. Rocks s’y est habituée, assurant quand il faut assurer, jouant les mamans auprès du frérot quand la véritable fait défaut. Avec un optimisme farouche, Rocks avance sans baisser les bras et sans rien dire à qui que ce soit… Emmanuel, malin et vif comme un singe, suit le mouvement. Tout un temps, nul ne se doutera des chamboulements qui se produisent dans la vie de la jeune fille. Seule la perspicace et attentive Soumaya ne sera pas dupe et essaiera d’extirper des confidences à Rocks…
C’est un scénario tel qu’un adulte n’aurait pu l’imaginer seul. La réalisatrice et ses deux co-scénaristes ont construit le récit, son style, ses mots, avec les adolescentes du film, dont la plupart sont actrices pour la première fois. Le résultat est bluffant, fruit d’une alchimie délicate pleine de fraîcheur et de profondeur. Ces filles sont vivifiantes, elles se moquent bien de la couleur d’une peau, d’un accent, d’un voile, d’un milieu social. Elles adorent papoter de leurs différences, de leurs ressemblances, de leurs religions, se plonger dans des cultures qui ne sont pas les leurs. Ici à East London, elles partagent les mêmes rires, l’envie de se trémousser, la même soif de liberté et la capacité de rêver. C’est charmeur, spirituel, emballant, bref, un véritable coup de coeur !