Dans la lignée du documentaire Au bonheur des dames ?, Overseas, tourné aux Philippines, aborde les conditions de travail de futures aides ménagères formées pour aller travailler hors des frontières. Un documentaire amer et doux…
Le film, splendide et glaçant, s’ouvre sur une longue séquence dans laquelle une jeune femme s’applique à nettoyer des WC. Ses sanglots, peu à peu, viennent envahir le silence. Une scène et tout est dit : l’exploitation, la souffrance, la résignation. Apprendre quelques secondes plus tard qu’il s’agit en fait d’une mise en situation dans une école d’aides ménagères interpelle d’autant plus ! Car dans ce centre de formation au travail domestique, les femmes apprennent non seulement à faire un lit correctement ou à nettoyer le sol, mais aussi à se contenir, à réagir décemment aux abus des puissants qui estimeront sans aucun doute qu’elles sont à leur disposition. Mais pourquoi donc accepter un tel traitement ? C’est qu’elles n’ont pas toujours le choix… Et elles sont nombreuses ces candidates qui laissent souvent derrière elles leurs propres enfants, pour se jeter dans l’inconnu, envoyées au Liban, à Singapour ou à Dubaï pour exercer ce métier où les frontières avec l’esclavage sont floues.
Pointer la caméra sur ces femmes permet d’humaniser ces travailleuses de l’invisible, prêtes à tout sacrifice pour une soi-disant vie meilleure, et contribue à mieux saisir les enjeux et dérives de ce marché de l’emploi. Aux abords de la fiction, Overseas traite de la servitude moderne de notre monde globalisé, tout en révélant la détermination de ces femmes, leur sororité et les stratégies mises en place face aux épreuves que leur réserve l’avenir. Une immersion bouleversante !
LES GRIGNOUX
Ci-dessous les photos de la projection du 15/9 au cinéma le Caméo en présence de Sung-A Yoon, réalisatrice, et Asuncion Fresnoza-Flot, docteure en sociologie et spécialiste en migrations et relations interethniques.