Sous une somptueuse photographie, un tour d’horizon de l’enfer sur Terre. Sauvage, insoutenable par moments, The painted bird fascine ou dégoûte, mais ne laisse pas indifférent. Un choc visuel, au sens premier du terme ! En compétition officielle à la Mostra de Venise 2019
Si pour vous, le cinéma a aussi comme fonction de vous provoquer, de jouer avec vos limites – tel un Salò de Pasolini ou Requiem pour un massacre d'Elem Klimov – et de vous hanter par la puissance parfois destructrice de ses images ; si vous pensez qu’on peut à la fois qualifier un film de chef-d’œuvre et ne pas forcément avoir envie de le revoir trop vite (comme Xan Brooks, critique cinéma du Guardian), alors The painted bird vous parlera. Qui plus est, son noir et blanc léché et son superbe cadre sont faits pour le grand écran.
Soit un enfant, parangon de l’Innocence s’il en est, victime expiatoire sur laquelle va se déverser toutes les ignominies dont l’être humain est capable, dans une région déshéritée, quelque part à l’Est, dans la période la plus sombre du xxe siècle.
Ce garçon (jamais nommé), orphelin juif, est d’abord accueilli par une vieille femme taiseuse.
Lorsqu’elle meurt, il est accusé par les villageois d’avoir contribué d’une manière ou d’une autre à sa mort. Échappant de justesse à la vindicte populaire, c’est pour ce garçon le début d’un exil qu’on dirait sans fin, passant de jalousies familiales paroxystiques en exploiteurs cruels, tout en étant par ailleurs le témoin muet de lynchages et autres abjections.
L’on reconnaît parfois un acteur, tel Harvey Keitel en prêtre peu clairvoyant ou Stellan Skarsgård en Allemand très carré.
C’est une chronique sans pitié, à la brutalité effrontée, une fresque conçue comme un test d’endurance, arrimée à une volonté de polémique. Et c’est du grand cinéma, de celui qui vous bouscule, vous dérange, cherche à susciter en vous des hoquets de dégoût alors même que votre fascination vous tient enchevêtré au destin du jeune garçon.