Une fable environnementale et amoureuse qui nous parle de solitude, de reproduction et de crise écologique dans une même foulée tendre et décalée
Olivier Babinet est un cinéaste inclassable et c’est tant mieux ! Après un documentaire remarquable, Swagger, qui nous débarrassait des clichés sur les adolescents de banlieue, il revient avec cette fiction d’anticipation beaucoup moins futuriste qu’elle n’en a l’air. Soit un monde où les gens peuvent suivre sur internet, fascinés, les tours et détours de la dernière baleine vivante. Un futur où l’on n’a plus vu un seul poisson sur les côtes françaises depuis deux ans.
Et pourtant, la vie humaine continue bon an mal an, et en particulier celle de Daniel (Gustave Kervern). Chercheur dans un laboratoire, son équipe se démène pour trouver le moyen de faire s’accoupler les deux derniers poissons-zèbres qui semblent désertés par tout besoin de reproduction. Pour Daniel, c’est le contraire : il est quasi prêt à tout pour devenir père, la chambre d’enfant est déjà installée. Mais dans ce petit village de bord de mer, il n’y a pas beaucoup de femmes en âge de procréer… Et Daniel ne semble voir les choses que sous un angle purement biologique, pas amoureux. Pourtant, il se pourrait bien que dans ce monde désenchanté, des relations humaines authentiques se développent et, avec elles, une panoplie de sentiments ambigus, foutraques, inattendus… C’est sans doute au moment où Daniel trouve sur la plage un étrange poisson à pattes aux propriétés tout à fait étonnantes que sa vie prend un tournant singulier.
Derrière l’aspect ludique et décalé se tient un beau film arrimé au vivant, à ses perturbations, à nos responsabilités d’humains. L’humour parfois salé se marie à une mélancolie délicate pour donner un film hybride, attachant et bizarre, drôle et sensible. Et Gustave Kervern, avec son air d’éternel Droopy mal réveillé, incarne à merveille cette espèce humaine engourdie par son quotidien, qui a besoin de se faire secouer par ses émotions pour retrouver l’ultime sens de nos vies : le désir…
Les Grignoux
Ci-dessous les photos de l'avant-première le 7/9 au cinéma le Parc en présence d'Olivier BABINET.