Racontée avec sobriété, voici l’histoire du peintre L. S. Lowry au tournant de sa carrière, quand son art est enfin reconnu. Les immenses Vanessa Redgrave (Blow up, Howards end) et Timothy Spall (Turner, Le procès du siècle) forment un duo mère-fils détonnant
Voici un film sobre et modeste qui se construit à petits pas. Ceux que L. S. Lowry fait dans la rue quand il s’amuse à jouer avec les gosses du quartier. Ceux d’un artiste qui a passé une bonne partie de sa vie à recevoir quolibets et critiques pour ses peintures, notamment de la part de son acariâtre mère. Alitée la plupart du temps, celle-ci a tout d’une langue de vipère, de la mégère qui espionne à la fenêtre pour mieux cancaner sur les allées et venues de ses voisins. Son fils, comptable par devoir et peintre par passion, s’occupe d’elle avec une abnégation qui force le respect. Malgré ses humeurs, malgré ses incessantes remarques mesquines sur son art, il lui apporte chaque jour, sans coup férir, son repas, et passe ses soirées à l’écouter geindre. Son flegme et son humour pince-sans-rire le sauvent d’une vie de rancœur, mais c’est très certainement son art qui le fait se sentir vivant et fait de lui un être agréable, espiègle même et un peu fantasque.
Et puis, un jour, il reçoit une lettre d’un galeriste londonien. Londres, quand on vient de Pendlebury dans le Lancashire, semble bien lointain, presque exotique. Il se pourrait bien que, là-bas, on commence à apprécier son œuvre, alors que dans la chambre maternelle, hors du temps, mère et fils continuent à se chamailler…
Le savoureux duo choisi pour incarner ce « couple » n’est pas pour peu dans la réussite de ce film. Bien qu’on ait encore en tête sa remarquable performance en William Turner, Timothy Spall nous propose ici une partition plus sobre, plus introvertie, à l’instar du peintre qu’il incarne, passé à la postérité avec ses œuvres faussement naïves, narrant la vie d’une petite ville industrielle du Nord de l’Angleterre.
Les Grignoux