L’actrice iranienne Golshifteh Farahani illumine cette comédie franco-tunisienne où une psychologue de profession débarque à Tunis après dix ans d’absence, avec l’idée d’y ouvrir son cabinet de consultation. Un film subtil et rafraîchissant !
Selma Derwish est une jeune psychologue de 35 ans d’origine tunisienne ayant fait ses études et exercé son métier à Paris. Elle revient à Tunis juste après le Printemps arabe avec l’idée d’offrir ses services à toute une population ébranlée par le changement de régime et la chute du président Ben Ali.
Cheveux courts en bataille, tatouages sur les bras et cigarettes au bord des lèvres, son look – influencé par des années d’exil à Paris – détonne auprès de ses compatriotes.
Pourtant, le choc des cultures n’est pas ce qui va lui amener le plus de soucis : pour ouvrir son cabinet, Selma a besoin d’une kyrielle d’autorisations, et l’administration tunisienne n’a pas l’intention de lui faciliter la tâche…
La jeune femme ne se laisse pas abattre et décide d’ouvrir malgré tout son cabinet sur le toit de son immeuble. Et, bien sûr, les patients affluent : dans un pays tiraillé entre traditions et modernité, faisant ses premiers pas dans la démocratie, les questions existentielles ne manquent pas !
Aux côtés de Selma se dessinent alors les profils d’une population bigarrée que la réalisatrice prend plaisir à croquer : du boulanger se questionnant sur sa sexualité à l’adolescente rebelle voulant à tout prix quitter le pays, en passant par la grande dame auréolée de réussite qui traîne malgré elle une rancœur envers sa mère.
Depuis quelques années, grâce au vent de liberté porté par la révolution, le cinéma tunisien nous réserve de belles surprises. Il s’agit souvent de jeunes réalisateurs ayant, comme c’est le cas pour Manele Labidi, étudié à Paris, et qui portent un regard critique sur leur pays d’origine.
Un divan à Tunis insuffle une brise joyeuse dans ce répertoire tunisien majoritairement dramatique, sans pour autant mettre de côté les traumatismes qui traversent le pays. Car s’ils sont racontés avec une touche d’humour bienvenue, les soucis qui affligent ses patients n’ont rien de superficiel, et pour mieux les appréhender, Selma devra se fondre, elle aussi, au cœur de cette culture chaotique, tumultueuse, et richement nuancée.
ALICIA DEL PUPPO, LES GRIGNOUX