Palme d'Or au Festival de Cannes 1976
Porté par la performance hallucinante de Robert De Niro, ce choc cinématographique, à l’ambiance nocturne glaçante, dépeint une ville en perdition et la folie humaine qu’elle génère
Vétéran de la guerre du Viêt Nam, Travis Bickle est chauffeur de taxi dans la ville de New York. Ses rencontres nocturnes et la violence quotidienne dont il est témoin lui font peu à peu perdre la tête.
Palme d’Or à Cannes, Taxi driver a consacré son auteur sur le plan international. Qualifié de chef-d’œuvre par certains critiques américains, ce film reste à ce jour un des plus grands succès de Scorsese. La raison en est simple : sur un sujet ordinaire, écrit par Paul Schrader, le film, par son style épuré, proche parfois de celui de Ozu ou de Bresson, par l’interprétation très intériorisée de Robert De Niro, par l’atmosphère de déterminisme envoûtant, soutenue par la musique de Bernard Hermann, entraîne irrésistiblement le spectateur vers l’extraordinaire et spectaculaire final. Travis Bickle, le chauffeur de taxi, est effectivement un personnage qui appartient au quotidien le plus banal. Seul, accablé par la vie urbaine, incapable de communiquer, sinon avec lui-même, connaissant frustration sur frustration, il est un être proche de n’importe lequel de ses spectateurs. D’autre part, alors que se développe de plus en plus aux États-Unis et en Europe un besoin de faire justice soi-même, Taxi driver donne de l’auto-défense une image sublimée. Cette alliance de la simplicité et de la complexité, transcendée par le style coulé de la mise en scène, ne pouvait que remporter l’adhésion d’un public diversifié. En outre, l’association de deux personnalités aussi voisines que celle de Schrader et de Scorsese ne pouvait conduire qu’à cette fusion manifeste de deux univers torturés. Taxi driver représente l’union parfaite d’un écrit et d’un filmé, qui tous deux tendent vers l’exorcisme d’un combat intérieur devenu insupportable.