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Extrait dossier pédagogique
réalisé par Les Grignoux et consacré au film
Wardi
un film d'animation de Mats Grorud
Norvège, 2018, 1h20

Ce dossier pédagogique consacré à Wardi de Mats Grorud s'adresse aux enseignants de la fin du primaire ou du début du secondaire qui verront ce film avec leurs élèves (à partir de treize ans environ). Il propose plusieurss animations à mettre en œuvre en classe rapidement après la projection. On s'attachera notament à retracer la trame narrative du film, à expliciter les rapports entre les différentes générations de personnages, à comprendre la signifcation de certains éléments porteurs d'un sens symbolique ou figuré.
L'extrait du dossier reproduit-ci-dessous revient sur un procédé formel particulièrement important dans le film où les séquences se distinguent par la technique d'animation utlisée, d'un côté le procédé dit de stop motion et de l'autre le dessin animé en 2D.

Avant la projection

Annonçons aux enfants que le film que l'on va voir au cinéma est un film réalisé selon deux techniques différentes – le dessin animé et le stop motion– et qu'il comporte par ailleurs certaines images « en prise de vue de vue réelle ». Expliquons-leur en quelques mots les deux techniques en nous basant sur deux images d'animation tirées de Wardi. À cette fin, distribuons-leur à chacun les deux images et les petits commentaires dont elles sont assorties (voir encadré ci-dessous), et invitons-les à être attentifs à cette dimension graphique, de façon à ouvrir une première discussion sur le film juste après la projection.

Le camp de réfugiés palestiniens où se déroule l'action du film Wardi

En version « dessin animé »

Dans un dessin animé, les décors et les personnages sont dessinés sur des feuilles de papiers puis coloriés selon divers procédés (craie, peinture, crayons de couleurs…). Parfois, les décors sont peints sur papier et les personnages sont dessinés sur des feuilles transparentes (celluloïd) de façon à pouvoir être déplacés sur un fond qui, lui, reste fixe. Dans les deux cas, on obtient des images en deux dimensions qui, quand elles se succèdent à grande vitesse, donnent une impression de mouvement. Aujourd'hui, les dessins animés sont souvent réalisés par ordinateur, image par image.

Image film

En version « stop motion »

Le procédé du stop motion (ce qui signfie en anglais mouvement arrêté) désigne, lui, une forme d'animation en volume, autrement dit réalisée avec des objets et des personnages en trois dimensions (marionnettes, figurines, motifs façonnés en pâte à modeler…). Entre chaque prise de vue, les objets et personnages sont légèrement déplacés en fonction des mouvements imaginés par le réalisateur et quand ces images défilent à grande vitesse, nous avons l'impression que ces mouvements sont réels. De nos jours, de telles images 3D peuvent aussi être obtenues par ordinateur. On parle alors d'images de synthèse ou d'animation numérique.

Image film

Une première discussion

Le film de Mats Grorud, Wardi, met en scène un pan d'une réalité historique particulièrement complexe : la question des réfugiés palestiniens au Liban, qui implique la maîtrise d'un contexte plus large incluant la situation géopolitique du Moyen-Orient, la situation politique au Liban au fil du temps, en particulier la guerre civile que le pays a connue de 1975 à 1990 ; ses rapports avec Israël, État avec lequel il partage une frontière ; la création de l'État d'Israël et l'exil forcé de plus de cent mille Palestiniens ; les conflits israélo-palestinien, israélo-libanais…

Par ailleurs, les allers-retours entre le présent et différents épisodes du passé ainsi que le nombre des personnages qui entourent la fillette et apparaissent à différents stades de leur vie dans le film au fil des récits de chacun peuvent également se trouver à l'origine de certaines confusions ou difficultés de compréhension.

Les animations qui suivent devraient permettre de clarifier ces différents aspects de l'histoire de Wardi. Dans un tout premier temps, une discussion autour des techniques d'animation utilisées devrait déjà permettre de dégager la structure globale du film et d'ainsi jeter les bases d'une meilleure compréhension. Revenons donc sur ces caractéristiques graphiques (combinaison d'images 2D et 3D, mélange d'images d'animation, de photographies et séquences d'archives…) sur lesquelles nous avons attiré l'attention avant la vision du film en demandant aux enfants s'ils ont remarqué ces particularités au cours de la projection et s'ils ont pu identifier à quoi correspondait l'utilisation différenciée des deux techniques d'animation ainsi que l'intégration au film d'images en prise de vue réelle.

Commentaires

Sans doute la majorité des enfants auront-ils remarqué que les images animées grâce au procédé du stop motion correspondaient au présent du film – le quotidien de Wardi et de sa famille au sein du camp de réfugiés de Burj el Barajneh, à Beyrouth – et que les séquences de dessins animés illustraient les souvenirs évoqués par ses proches (respectivement son arrière-grand-père Sidi, puis son grand-père Lutfi, son grand-oncle Yehia, sa tante Hanan et enfin son oncle Pigeon Boy) au fil de leurs récits. En permettant de différencier deux temporalités, l'utilisation alternée de deux techniques, outre l'originalité esthétique qu'elle imprime au film de Mats Grorud, a par conséquent ici une fonction narrative importante, dans la mesure où elle aide à clarifier une intrigue faisant intervenir plusieurs personnages à différents âges de leur vie.

Les actualités télévisées que regardent Lutfi et Wardi à la télévision font état des deux hommes touchés par balle dans le quartier sud de Beyrouth (le leur) lors des manifestations de commémoration de la Nakba. Pendant que la speakerine évoque cet événement historique qui remonte à 1948, des images d'archives en noir et blanc et en prise de vue réelle défilent à l'écran, montrant l'exode massif des Palestiniens obligés de fuir suite à la création de l'État d'Israël et à l'occupation de leurs terres. La speakerine explique qu'ils se sont alors réfugiés dans les pays limitrophes – l'Égypte, la Syrie, le Liban et la Jordanie – mais aussi plus loin : en Europe, aux États-Unis et au Canada. Leur installation à l'étranger, que les Palestiniens considéraient à l'origine comme provisoire, a perduré dans le temps et aujourd'hui, septante ans plus tard, l'espoir d'un retour au pays reste toujours bien vivace.

En quelque sorte, l'on peut dire ainsi que ces images viennent accréditer le récit que Sidi vient de livrer à son arrière-petite-fille.

De la même façon, les photos de famille que sa tante Hanan montre à Wardi sont autant de documents authentiques témoignant, elles, de moments de bonheur partagé. Mais lorsque la fillette, entraînée dans une danse endiablée par sa tante, laisse échapper l'album de ses mains, les photos éparpillées au sol laissent entrevoir une réalité passée bien plus sombre. En noir et blanc, elles dévoilent ainsi un camp en ruines, complètement délabré et dont les ruelles, jonchées de détritus, sont parcourues par des enfants en guenilles, des adultes en quête de nourriture, des chiens errants… La panne d'électricité qui vient interrompre la séance photos conduit Hanan à ouvrir l'épaisse tenture qui masque un trou béant dans le mur, trace des bombardements subis par le passé, et à livrer le récit des événements de l'été 1982 à Beyrouth lorsque, dans le cadre de l'opération nommée « Paix en Galilée », l'armée israélienne avait envahi le Sud Liban et assiégé Burj el Barajneh, détruisant le camp à coups de bombardements sous prétexte de déloger les combattants révolutionnaires palestiniens et de chasser de Beyrouth les organisations qui les fédéraient, en particulier l'OLP (Organisation de Libération de la Palestine) dirigée par leur leader Yasser Arafat.

Comme le petit film d'archives en noir et blanc vu à la télévision, toutes ces photos attestent du caractère authentique des témoignages collectés par la fillette auprès de ses proches.

Image film


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