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Extrait du dossier pédagogique
réalisé par Les Grignoux et consacré au film
Reine d'un été
de Joya Thome
Allemagne, 2017, 1h07

Reine d'un été, qui explore une large gamme d'émotions tout en étant imprégné d'une profonde mélancolie, est un film idéal pour aborder les thèmes propres aux débuts de l'adolescence : la recherche d'une identité et d'une place dans le monde, les relations filles/garçons…, autant de sujets traités avec sensibilité dans le film et qui seront abordés à travers diverses animations simples à mettre en œuvre après la projection. Ce dossier pédagogique s'adresse aux enseignants et enseignantes qui verront le film avec des classes de la fin du primaire entre neuf et douze ans environ.
L'extrait ci-dessous est tiré de la quatrième partie du dossier consacrée à l'intrigue du film.

L'intrigue du film

L'intrigue du film, qui évolue dans la torpeur d'une région rurale pendant les vacances d'été, est fort ténue, une caractéristique qui aura peut-être décontenancé les jeunes spectateurs. Centré sur le personnage de Léa, une fillette triste et taciturne lâchée par des amies qui ont déjà franchi le cap de l'adolescence, Reine d'un été suit son parcours solitaire et erratique entre balades à vélo et visites à Mark, pour s'attarder ensuite sur la manière dont elle va se rapprocher du groupe des garçons et y trouver progressivement une place. Le rythme du film, forcément lent, contraste par ailleurs avec celui des récits d'aventures destinés aux enfants au seuil de l'adolescence, souvent truffés de péripéties, de rebondissements et empreints d'une grande tension dramatique. C'est par conséquent à cet aspect du film de Joya Thome que nous proposons maintenant de nous intéresser avec eux en revenant sur trois épisodes porteurs de tension dramatique.

Concrètement

Expliquons aux enfants que, dans un film de fiction, les pics de tension sont souvent amenés par une situation à suspense dont l'issue est risquée et incertaine ; ces pics, par le climat dramatique qu'ils induisent, sont donc souvent liés à l'expression d'émotions fortes (panique, stress…) Le dénouement de la situation à suspense, heureux ou malheureux suscite par ailleurs une relâche de la tension et la libération de nouvelles émotions (soulagement, joie… ou, lorsque l'issue est malheureuse ou tragique, colère, désespoir…).

Il y a dans Reine d'un été plusieurs moments marqués par une telle tension dramatique mais très peu d'émotions sont exprimées directement par les personnages, Mark étant véritablement le seul à se « laisse aller ».

Demandons aux élèves s'ils se souviennent de ces moments de tension. Au besoin, rappelons ces moments :

  • Léa s'aventure en douce dans la cave du pompier pour découvrir son secret ;
  • Léa et les garçons fouillent les archives pendant que Nico retient l'employée à l'extérieur ;
  • Léa s'étend entre les rails du chemin de fer et attend le passage du train.

Invitons-les à revenir, individuellement ou par équipe de deux, sur l'une de ces trois situations et à la décrire en détails. Aidons éventuellement les enfants avec des questions comme :

  • Comment cette situation est-elle amenée ?
  • Qu'est-ce qui crée le suspense dans cette situation ?
  • Quel est le dénouement de l'épisode ?
  • Comment se traduit le relâchement de la tension dramatique : quelle est l'attitude des personnages à la fin de la scène ?
  • Et vous, qu'avez-ressenti lors de cette scène ? Quelle a été votre réaction ?

Enfin, une discussion en grand groupe autour des réflexions de chacun devrait permettre de cerner plus précisément l'originalité de ces trois scènes ainsi que la manière dont elles s'inscrivent dans le rythme et la tonalité générale du film.

Commentaires

Les commentaires qui suivent sont présentés à titre illustratif. L'enseignant pourra éventuellement y recourir pour nourrir la discussion en grand groupe qui clôture l'activité.

Dans la cave du pompier

C'est grâce à une action de bravoure que Léa entre dans la bande des garçons : pénétrer clandestinement dans la cave pour y découvrir les activités secrètes du pompier, le père des jumeaux Tim et Tom. Non seulement elle n'a pas le droit d'entrer illégalement dans une propriété privée mais, si elle venait à être surprise par cet homme, elle pourrait subir de sa part une réaction plus ou moins violente et celui-ci risquerait même, peut-être, d'appeler la police. D'ailleurs, aucun des garçons n'a eu le cran de courir ce risque et c'est avec une certaine appréhension qu'ils guettent la sortie de Léa, groupés autour du soupirail par lequel elle est entrée.

Or, contrairement à toute attente, c'est très calmement et par la « grande porte » que Léa quitte la maison. La situation, qui aurait pu dégénérer puisqu'effectivement le pompier l'a surprise en train de l'épier, trouve donc une issue « plate » : Léa dit qu'elle gardera le secret et l'homme, un peu paniqué dans un premier temps, lui ouvre la porte sans rien lui demander de plus. Nous le quittons la mine déconfite, assis sur l'escalier qui mène à la cave et nous ne reviendrons pas sur l'événement sinon bien plus tard, et de manière indirecte, et sans jamais entrer dans l'intimité de cette personne.

Dans le bureau des archives

Une autre situation de grande tension se présente lorsque les enfants, inquiets face au projet de Madame Pappendorf de faire expulser Mark de sa ferme s'il refuse de la vendre, décident de monter un plan pour récupérer son dossier aux archives de la mairie. Ainsi, Nico s'arrange pour faire sortir l'employée de son bureau pendant que les autres fouillent la pièce. La tension grandit à mesure que le temps passe car le dossier est difficile à trouver et l'employée, qui a rebroussé chemin avec Nico, se rapproche de son bureau et s'apprête à en ouvrir la porte. Mais une nouvelle fois, la scène se termine platement. Léa apparaît soudain dans l'encoignure de la porte d'entrée pour avertir Nico de la fin de l'opération et les enfants disparaissent avec le dossier, sans que l'on revienne sur le désordre de la pièce ou la réaction de l'employée lorsqu'elle comprend que Nico l'a manipulée.

Sur les rails de chemin de fer

La troisième situation est, quant à elle, porteuse de la plus grande tension dramatique en raison de l'issue tragique à laquelle elle pourrait conduire : si Léa exerce le moindre mouvement, elle sera déchiquetée par le train qui s'approche de l'endroit où elle est étendue. Sans doute les garçons qui observent la scène, tétanisés et les traits marqués par l'effroi, ne réalisent-ils véritablement le danger qu'à ce moment-là, lorsqu'il est trop tard pour annuler l'épreuve.

La scène se figera d'ailleurs totalement après le passage du train et il faudra un long moment pour que Léa se relève et qu'eux-mêmes quittent leur état de prostration et sortent lentement du champ de maïs. Il est assez remarquable que pendant toute la durée de cette séquence, ni Léa ni les garçons ne laissent filtrer aucune émotion. On devine pourtant que des émotions comme la peur ou l'angoisse ont sans doute dû tenailler les enfants et c'est ici le silence qui donne finalement tout son poids à la scène, laissant littéralement les protagonistes et les spectateurs « sans voix ».


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