Medias
Journal & grilles Appli mobile Newsletters Galeries photos
Medias
Journal des Grignoux en PDF + archives Chargez notre appli mobile S’inscrire à nos newsletters Nos galeries photos
Fermer la page

Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au film
La Clé des champs
de Claude Nuridsany et Marie Pérrenou
France, 2011, 1h21

Le dossier pédagogique dont on trouvera un extrait ci-dessous s'adresse notamment aux enseignants du primaire qui verront le film La Clé des champs avec des jeunes spectateurs à partir de huit ans environ ans environ. Il propose plusieurs pistes d'exploitation à mettre rapidement en œuvre après la vision du film.

Premières impressions

Après la vision, récoltons les premières impressions des jeunes spectateurs et faisons avec eux un petit inventaire de scènes amusantes, surprenantes, étranges, inquiétantes…

Objectifs

  • Stimuler et exercer l'expression orale en incitant à parler de ses souvenirs et de ses émotions
  • Échanger avec d'autres autour d'une expérience commune: la séance de cinéma
  • Améliorer sa compréhension du film; faire la distinction entre réalité et imaginaire

Compétences mises en œuvre

Cette animation met notamment en œuvre les compétences suivantes pour le cours de français:

  • Parler et écouter; dialoguer
  • Élaborer des significations en situation de communication: s'exprimer sur un personnage ou un événement (réel ou de fiction) à partir d'un document audiovisuel
  • Lire: construire du sens en tant que récepteur d'un message visuel (ici le film)

Méthode

  • Discussion en grand groupe

Déroulement

Au plus tôt après la vision du film, l'enseignant pourra récolter les premières impressions des jeunes spectateurs:

Qu'avez-vous pensé du film? l'avez-vous aimé? ou pas? y avait-il des moments amusants? d'autres effrayants? des moments qui vous ont plu et d'autres qui vous ont fortement déplu? certains détails vous ont-ils particulièrement marqué(e)?

Pour cadrer un peu la discussion, on veillera à ce que chacun prenne la parole tour à tour. À ce stade-ci, les élèves mentionneront peut-être quelques scènes au complet, celles qui les auront plus particulièrement marqués. Il leur faudra également revenir sur le nom de certains animaux pour évoquer leurs «exploits» et cela s'avérera difficile dans la plupart des cas. À ce stade-ci, l'enseignant travaillera principalement les souvenirs du film à travers les «moments» forts qui auront marqué les élèves. Il pourra noter au tableau les scènes et les émotions évoquées par les élèves.

Voici une liste non exhaustive de scènes susceptibles d'être évoquées par les élèves et qui leur permettra d'exprimer diverses émotions ressenties lors de la vision du film. On peut ensuite inviter les élèves à classer ou à «étiqueter» ces différentes scènes en fonction de l'émotion qu'ils ont ressentie. Bien entendu, il peut arriver que certaines scènes suscitent à la fois du rire et de l'étonnement, de la fascination et de la peur, de l'étonnement et de l'émerveillement et ainsi de suite…

  • La fourmi nageuse
  • Les bébés rainettes qui sautent de tige en tige, comme des acrobates
  • Le concert des crapauds et le bruit de ballon qu'ils produisent en se cognant l'un sur l'autre
  • Les libellules filmées de très près en vol, de face ou formant un cœur avec leur partenaire.
  • Les combats d'araignées d'eau à la surface de l'eau
  • La goutte d'eau vue au microscope
  • Les enfants qui se promènent sous l'eau main dans la main
  • Un nuage dans le ciel dont la forme rappelle la gueule d'un loup
  • Les feux follets
  • La carpe centenaire
  • L'histoire de la chèvre morte noyée au fond de la mare inquiétante
  • Les yeux au fond de l'eau
  • Le sanglier qui rôde la nuit et s'enfuit en courant
  • Un insecte long et fin capturant une proie qu'il enroule dans sa toile effrayante
  • Un énorme coquillage s'ouvrant et se refermant et qui semble aspirer tout ce qui l'entoure

Commentaires

Des scènes amusantes

De nombreuses scènes du film sont teintées d'humour. La manière de filmer, de mettre en scène mais aussi les nombreux bruitages contribuent à rendre ces séquences amusantes. Parmi celles-ci, mentionnons:

  • L'exploit de la fourmi nageuse: elle traverse une petite étendue d'eau mais pour elle, cela doit représenter un défi d'importance. C'est sur cet aspect que les réalisateurs ont voulu insister en la filmant de très près et en choisissant un angle de vue qui la montre, à l'arrivée, surplombant héroïquement un rocher. Pour que l'effet soit complet, les réalisateurs, avec la complicité de l'ingénieur du son, ont rajouté des bruits d'applaudissements et d'acclamations. Le générique du film nous apprend qu'il s'agit en réalité d'une archive sonore célèbre: celle de l'arrivée du tour de France en 1955!
  • Toujours basée sur ce principe de créer la surprise en ajoutant sur des images qui peuvent sembler banales une illustration sonore décalée, la séquence qui montre les bébés rainettes, ces grenouilles qui comptent parmi les plus petites de l'espèce, sauter de roseau en roseau en faisant un bruit de ressort mécanique aura sans doute aussi marqué les esprits. Leur performance est de plus accompagnée par un roulement de tambour, comme au cirque, et saluée par les applaudissements de spectateurs manifestement impressionnés. Encore une fois, c'est le décalage, le contraste et la rencontre inopinée entre deux univers, celui des rainettes dans leur mare et celui des numéros de cirque, qui crée la surprise et suscite le rire.
  • Pendant la séquence nocturne, des crapauds rivaux se cognent les uns contre les autres à plusieurs reprises. Le bruit produit par ces collisions est celui de ballons de baudruche que l'on frotterait l'un contre l'autre… Les réalisateurs ont dû choisir ce son qui insiste sur l'analogie de forme et de texture entre le gosier gonflé des crapauds qui chantent et ces ballons en plastique que tout le monde connaît.

À travers ces deux séquences sur la fourmi et les rainettes, et tout au long du film en général, les réalisateurs interrogent nos perceptions, nos certitudes et nos croyances par rapport au monde animal. En nous faisant accéder à cette autre dimension que la nôtre qui est celle du monde des insectes et de ces petits animaux de la mare, les réalisateurs nous font réfléchir à notre propre dimension. Depuis notre point de vue haut placé d'humain, nous n'avons en effet sans doute pas conscience des enjeux qui se trament sans cesse à d'autres échelles.

Des scènes surprenantes

  • Les très gros plans sur les libellules, notamment de face, sont étonnants. Obligé d'observer la tête de l'animal pendant un certain temps, le spectateur en vient inévitablement à se poser des questions: à quoi peuvent bien lui servir tous ces yeux? pourquoi a-t-elle d'aussi gros yeux? pourquoi balance-t-elle son corps de haut en bas? comment se fait-il que le mâle et la femelle adoptent cette position en forme de cœur?
  • Des araignées d'eau, les gerris (qui appartiennent à la famille des punaises et non des araignées) se déplacent à la surface de l'eau sans y pénétrer: les gerris exploitent en réalité le phénomène dit de la «tension superficielle» pour se déplacer sur l'eau. En effet, les molécules d'eau forment un ensemble plus dense à la surface; la légèreté des gerris combinée à cette tension et ainsi qu'à leurs pattes enduites d'un liquide hydrofuge leur permettent littéralement de «marcher sur l'eau»! Pour accomplir un tel exploit, un être humain devrait porter des souliers en forme de barque de 16 Km de long afin de suffisamment répartir son poids sur la surface de l'eau sans en rompre la tension!
  • Au début du film, la voix-off raconte que le petit garçon qu'il était a reçu un jour en cadeau un compte-fil, petit instrument servant à regarder de près, notamment les tissus, ce qui explique le nom qu'il porte. Cette nouvelle faculté de voir de très près est illustrée dans le film par un plan fixe (une image fixe) sur une goutte d'eau grossie des milliers de fois et à travers laquelle on voit évoluer de minuscules bactéries. Cette image permet aux réalisateurs de dresser une analogie entre l'infiniment grand et l'infiniment petit puisque cette minuscule goutte d'eau, vue à travers le microscope, semble à son tour contenir d'autres univers.

Des scènes étranges, oniriques

  • La séquence de la goutte d'eau est étonnante mais elle est aussi onirique et poétique, un peu comme la scène montrant les deux enfants qui se promènent main dans la main au fond de la mare, heureux de découvrir un monde nouveau.
  • Une autre séquence aura peut-être retenu l'attention des enfants: le petit garçon, furieux qu'une autre personne que lui se soit approchée de sa mare et y ait laissé ses empreintes, s'allonge dans l'herbe et regarde le ciel. Là, un nuage prend peu à peu la forme d'une gueule de loup, représentant la colère de l'enfant.
  • L'apparition de flammes sur l'eau aura aussi peut être interpellé les spectateurs. Les feux follets apparaissent à la surface des eaux stagnantes lorsque le méthane produit par les végétaux en décomposition sous l'eau entre en contact avec l'oxygène présent dans l'air. Ce phénomène naturel a sans doute été provoqué artificiellement pour la scène.
  • L'histoire de la carpe centenaire racontée par le vieil homme du village alimente encore un peu plus l'imagination du jeune garçon. Un peu plus tard, l'on verra une carpe, certainement pas centenaire, évoluer lentement devant la caméra.
  • La séquence de nuit, qui est en réalité une séquence censée représenter le rêve que fait le petit garçon, comporte plusieurs scènes qui illustrent bien cette ambiance onirique: la couleuvre qui glisse silencieusement sur l'eau, le hibou qui plane face à la caméra, etc.
  • Des scènes inquiétantes
  • La voix-off évoque au début du film l'histoire inquiétante de la jeune chèvre noyée au fond de la mare. Un peu après, on distingue au milieu des algues une paire d'yeux orange, renvoyant sans doute encore une fois à l'image qui s'est formée dans l'esprit du jeune garçon.
  • Enfin, quelques scènes de prédation peuvent être impressionnantes, comme celle de la ranâtre, un insecte proche du phasme, qui enroule méthodiquement sa proie dans une toile ou celle de l'anodonte, un coquillage qui se nourrit de plancton en aspirant l'eau autour de lui.
  • Un mammifère que l'on identifie difficilement comme un sanglier patauge dans la mare, la nuit tombée, avant de s'enfuir.

À travers ces scènes teintées d'humour, d'imaginaire, de fantastique,… les réalisateurs insufflent à leur film une vision personnelle qui le rend bien différent des documentaires animaliers classiques. Par ailleurs, rendre avec autant de précision, de détails et de netteté l'univers de cette mare, constitue un véritable exploit technique! Le «macrocinéma», du nom donné à l'ensemble des techniques utilisées pour filmer des éléments de petite, voire de très petite taille, requiert en effet un matériel professionnel spécifique. Cela demande en outre un gros travail sur la lumière, sur l'éclairage des éléments. De nombreuses parties du film n'ont pas été tournées en milieu naturel mais reconstituées en studio, notamment pour pouvoir intervenir sur l'éclairage et obtenir des images de cette qualité.

Le comportement du personnage d'Iris rappelle un peu cette attitude des réalisateurs de cinéma qui créent de nouvelles choses en partant d'éléments existants. Ainsi, Iris interagit avec la nature alors que le petit garçon se contente de l'observer, de la contempler avec respect mais sans agir sur elle. À la manière d'Iris, les cinéastes recréent en studio une partie de la nature, ils utilisent des moyens à leur disposition pour créer autre chose.


Tous les dossiers - Choisir un autre dossier