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Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au film
Iedereen Beroemd! / Everybody Famous
de Dominique Deruddere
Belgique, 1999, 1h37

Le dossier dont on trouvera un extrait ci-dessous s'adresse aux enseignants du secondaire qui verront Iedereen Beroemd! avec leurs élèves (entre treize et dix-sept ans environ). Il propose plusieurs animations pour aborder ses principaux thèmes.

Un conte de fées moderne ?

Objectifs

  • Mesurer l'importance du prologue et de l'épilogue dans la signification globale du film
  • Se servir de ces épisodes pour mieux cerner le genre de Iedereen Beroemd!

Méthode

  • Délimiter, décrire puis comparer entre eux ces deux épisodes
  • À partir de là, donner du sens au « corps » du film
  • Mettre prologue et épilogue par écrit, chacun en une phrase (introduire le récit / conclure le récit)
Activité à mener en groupes restreints: les consignes sont explicitées dans l'encadré ci-dessous

Prologue et épilogue dans Iedereen Beroemd!

Dans les domaines littéraire, théâtral ou cinématographique, le prologue désigne la première partie d'une œuvre (roman, pièce ou film) qui présente des événements antérieurs à l'action proprement dite. L'épilogue, lui, désigne un chapitre, une scène exprimant des faits postérieurs à l'action, et destiné à en compléter le sens, la portée. Ces courts « morceaux » détachés dans le temps (qui ne sont pas présents dans tous les films) entretiennent avec l'histoire racontée des liens étroits qui sont importants pour la signification générale de l'uvre, et qui permettent d'adopter rapidement sur celle-ci un point de vue d'ensemble.

Dans Iedereen Beroemd! pouvez-vous vous rappeler ces deux parties, qui encadrent l'histoire racontée? Il vous suffit de vous souvenir des premières et des dernières images du film:

  • que montrent-elles?
  • peut-on évaluer la durée qui sépare chacune de ces deux scènes de l'histoire proprement dite? sur base de quels indices?
  • si l'on met en relation ces deux parties fort éloignées dans le temps, autrement dit si on les compare en tenant compte de tous les détails visuels et sonores qu'elles contiennent, quel sens prend le corps du film? Quels liens peut-on établir entre ces deux parties et le reste de l'histoire?

Pensez aux éléments suivants:

  • Au début :
  • que fait Jean? qu'entend-on? comment Jean et Marva sont-ils montrés? où se trouvent-ils? que peut-on dire des détails qui caractérisent le lieu? sur le plan formel, que peut-on relever comme particularités?
  • À la fin :
  • qui voit-on? sous quelle apparence? dans quel lieu? dans quelles circonstances?

Cette comparaison vous permet-elle d'envisager le film sous un éclairage nouveau? Si oui, à quel type de récit auriez-vous envie d'apparenter Iedereen Beroemd? Et si vous deviez mettre cette histoire par écrit, quelle serait la première phrase de votre texte? quelle en serait la dernière?

Commentaire

En plaçant en regard prologue et épilogue du film, on est immanquablement frappé par l'incroyable détermination de Jean. Alors que sa fille vient à peine de naître, il a déjà prévu pour elle un avenir tout tracé: « tu vas devenir une grande », dit-il au bébé en pleurs. Même si, à ce moment-là, nous ne possédons pas d'éléments pour comprendre ce qu'il entend par là, nous pouvons néanmoins, a posteriori, donner du sens à certains indices: ainsi Jean n'arrête pas de fredonner pour calmer sa fille. Cette façon de faire n'a bien entendu rien d'exceptionnel en pareille circonstance. Mais dans le contexte du film, ce détail pourra par la suite se lire comme un indice de cette prédestination.

De manière certainement plus flagrante, le « poster » affiché au mur de la chambre de l'enfant, constitue quant à lui un signe évident de la carrière que Jean imagine pour sa fille. C'est en fait un portrait de « Marva » (le nom accompagne la photographie de la jeune femme), dont on apprendra beaucoup plus tard par l'intermédiaire de Michaël qu'il s'agit d'une star de la chanson entre-temps décédée. Nous pouvons alors facilement déduire que cette vedette représente pour Jean une idole qui a marqué sa jeunesse. De surcroît, on peut remarquer que cette affiche, présente uniquement dans le prologue du film, n'est pas du tout placée de manière neutre: elle constitue l'unique décoration apparente, non pas de la chambre de Jean ou du salon familial (ce qui eût été logique) mais de la chambre du bébé (où l'on aurait pu s'attendre à trouver d'autres illustrations, plus proches de l'univers enfantin). Enfin, cette affiche apparaît sur le mur à hauteur du berceau, au-dessus de celui-ci et en léger décalage. Comme si, en « grandissant », la petite Marva (Jean a significativement donné à sa fille le prénom de son idole) allait naturellement « reprendre le flambeau », devenir un double de la chanteuse disparue.

On le voit, ces détails du prologue se chargent a posteriori de significations importantes.

Par ailleurs, on notera l'utilisation du noir et blanc. La rupture formelle que constitue ici le noir et blanc (puisque le film est en couleurs) peut être interprétée de différentes façons: il inscrit manifestement la scène dans le passé (selon un raisonnement spontané qui conclura du fait de l'antériorité des pellicules en noir et blanc sur les pellicules couleurs à l'antériorité des faits mis en images en noir et blanc sur ceux en couleurs) tout en détachant cette séquence de la suite du film dont elle devient le prologue ou la prémisse symbolique.

Quant à l'épilogue, il viendra entériner tout ce qui était annoncé dans le prologue. Zorra, alias Marva, est devenue à son tour une star immortelle dont on observe l'image non plus sur les murs d'une chambre mais sur les scènes de concours. Le destin de Marva tel que l'avait programmé Jean s'est donc bien accompli: elle est devenue « une grande », une très grande même puisque sa popularité dépasse celle de toutes les vedettes antérieures. Autrement dit, Marva est devenue un mythe qui, à son tour, est prise comme modèle d'imitation.

Ainsi placées en regard, ces deux concepts (prédestination et mythe) font que Iedereen Beroemd! peut être interprété comme une sorte de conte de fées moderne. L'histoire pourrait commencer par « Il était une fois une famille ordinaire » et se terminer par « Ils furent heureux et connurent la gloire » Le caractère presque intemporel du film (la fiction s'ancre dans un passé plus ou moins lointain l'histoire de Jean, avant même la naissance de sa fille et se prolongera, on le devine, bien au-delà du vécu de Marva) est clairement souligné par cet encadrement du récit.

Dans une telle perspective, celle d'un conte plus ou moins merveilleux, les invraisemblances, admises comme telles et sans conteste dans un grand nombre de registres, deviennent ici aussi cinématographiquement acceptables. Mais il faut pour cela élargir le contexte socio-économique où s'inscrit le récit en tenant compte de cette dimension fabuleuse clairement signifiée par le réalisateur.


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