L’odyssée de deux enfants sourds, réunis à New York à cinquante ans de distance par la magie du cinéma.
Todd Haynes (Carol) est un réalisateur singulier aussi bien dans le choix de ses sujets que dans la manière de les traiter avec une délicatesse d’orfèvre. Cette fois, il a choisi d’adapter un étonnant livre pour enfants de Brian Selznick (auteur notamment de Hugo Cabret), mais c’est autant aux adultes qu’aux jeunes spectateurs qu’il s’adresse.
Le film tisse avec une grande habileté deux intrigues apparemment sans rapport puisque l’une se déroule en 1927, l’autre cinquante plus tard. Toutes deux mettent cependant en scène deux enfants, une gamine et un gamin, sourds. L’un et l’autre entreprennent une quête apparemment impossible à la recherche d’un père disparu ou d’une mère absente. Et les voilà bientôt plongés dans la grande mégalopole new-yorkaise où leur handicap semble devoir les égarer définitivement.
L’habileté du cinéaste réside notamment dans sa capacité à recréer des ambiances urbaines dans les mêmes lieux à cinquante ans de différence, tout en multipliant les références culturelles aussi bien au cinéma muet qu’au patchwork de couleurs et de musiques des années septante. Loin d’une reconstitution archéologique, c’est le regard de ces deux enfants enfermés dans leur univers muet qu’entend saisir le cinéaste. Le handicap est ici une manière d’amener les spectateurs à renouer avec des émotions enfantines.
Ensorcelant, le film de Todd Haynes parvient à faire croire à la magie des lieux que visitent les deux enfants dont les odyssées croisées ne cessent de s’emmêler à travers de subtiles analogies, avant que leurs destins ne se rejoignent dans une ultime révélation.